Le gouvernement égyptien ne confine pas ses citoyens mais interdit les visites dans les prisons

L’Égypte a pris des mesures contre le coronavirus. Les écoles et les lieux de cultes ont été fermés, les restaurants sont ouverts de façon limitée. Parmi ces décisions, il y a aussi celle d’interdire les visites dans les prisons. Une mesure contestée par la famille d’Alaa Abdel Fattah, figure de la révolution égyptienne de 2011, aujourd’hui incarcéré.

Depuis trois semaines Mona Seif n’a plus aucune nouvelle de son frère Alaa, qui est emprisonné. C’est l’une des conséquences du coronavirus. Les détenus sont totalement coupés du monde extérieur. Car les visites des familles ont été interdites. Pour Mona Seif, cette mesure est infondée, dans une Égypte qui n’est pas confinée.

« Ils ont interdit toutes les visites, constate-t-elle. Mais ceux qui travaillent dans les prisons rentrent chez eux tous les jours, ils prennent les transports en commun, se mêlent à la foule, rencontrent leur famille. En fait, les prisonniers sont encore plus exposés et plus vulnérables aux infections. »

Des prisons surpeuplées

Les prisons égyptiennes sont surpeuplées, mal ventilées. Les détenus y ont des accès aux soins plus que limités. Autant de données qui font craindre le pire à Mona Seif. En particulier dans les prisons de haute sécurité comme celle où a été enfermé son frère, comme de nombreux autres prisonniers politiques.

« Alaa, mon frère, n’a pas le droit de sortir de sa cellule, poursuit-elle. Il ne voit jamais le soleil, donc vous pouvez imaginer l’impact sur sa santé. Il ne fait jamais d’exercice physique. Je ne sais pas du tout comment son système immunitaire pourra faire face à la crise du coronavirus qu’on traverse en ce moment. »

Des plaintes restées sans réponse

Après avoir déposé des plaintes restées sans réponses, Mona Seif et sa famille ont fini par descendre dans la rue pour exiger de l’État qu’il prenne ses responsabilités face à ses détenus. Elle a obtenu pour toute réponse d’être brièvement arrêtée et accusée d’inciter la population à la révolte.

Les prisonniers, eux, sont toujours abandonnés à leur sort, dans l’invisibilité la plus totale. Selon les organisations des droits de l’homme, 60 000 personnes ont été incarcérées depuis l’arrivée au pouvoir de l’actuel régime.

Quitter la version mobile