Les réfugiés Palestiniens au Liban observent la contestation avec craintes et espoir

Le Liban est secoué par un mouvement de contestation populaire d’une vaste ampleur depuis le 17 octobre dernier. Des dizaines de milliers de Libanais manifestent dans tout le pays pour réclamer des réformes économiques et sociales et le départ de leurs dirigeants.

Quel regard les réfugiés palestiniens du Liban portent-ils sur la révolte des Libanais ?

Les réfugiés palestiniens du camp de Bourj el-Barajneh, près de Beyrouth, que nous avons visité, sont scotchés devant leurs écrans de télévision, qui transmettent en direct et en continue les manifestations dans les différentes régions libanaises. Les revendications à caractère social et économique soulevées par les contestataires libanais leur donnent l’espoir qu’ils pourront eux-mêmes améliorer leurs conditions de vie précaires si les manifestants obtenaient satisfaction.

Les réfugiés palestiniens sont soumis à de nombreuses restrictions par les lois libanaises : 72 métiers leur sont interdits et ils n’ont pas accès au droit à la propriété. Et, par conséquent, ne peuvent pas faire hériter à leurs enfants leurs biens immobiliers.

Ainsi, après l’échec de leurs tentatives de revendication cet été, les réfugiés palestiniens attendent beaucoup du mouvement social actuel. Ils espèrent qu’une nouvelle page sera ouverte dans le statut de réfugiés qu’ils traînent depuis 71 ans, au cas où le pouvoir cédait aux demandes des contestataires.

La population des camps participe-t-elle aux manifestations aux côtés des Libanais ?

Aussi bien les habitants des camps que des responsables d’associations ou des militants humanitaires rencontrés affirment que les réfugiés évitent de se mêler aux manifestations de peur que leur présence ne soit prise comme prétexte pour minimiser l’importance de la mobilisation des Libanais.

Ils craignent aussi que des Palestiniens ne soient injustement impliqués dans des incidents dans le but de discréditer les contestataires. Cela a failli se produire dans la ville de Tyr, au sud du Liban.

Cela n’empêche pas des manifestants libanais de brandir parfois des drapeaux palestiniens et de scander des slogans en faveur de la Palestine. Des habitants du camp de Aïn el-Héloué leur ont rendu cet hommage par vidéo interposée, en filmant un grand rassemblement organisé dans ce camp, en signe de soutien aux revendications des Libanais.

Sur le plan de la sécurité, les mesures dans les camps ont-elles été renforcées ?

Toutes les organisations palestiniennes présentes au Liban, y compris le Hamas et le Jihad islamique, ont formé en début de semaine un comité sécuritaire conjoint dans les douze camps du pays. L’objectif est de centraliser l’autorité sécuritaire pour mieux protéger les camps en cas d’incidents imprévus ou de débordement.

Des responsables palestiniens rencontrés affirment craindre que le Liban ne sombre dans le chaos, ce qui ouvre des perspectives dangereuses pour les 200 000 réfugiés palestiniens encore présents au pays du cèdre.

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