Mali: des patriotes revendiquent le départ des forces françaises

Le drapeau français brûle sur le goudron malien. Connus pour leur accueil chaleureux de l’étranger, des Maliens réclament aujourd’hui le départ des forces étrangères venues combattre le terrorisme dans leur pays, à travers des manifestations devenues courantes les vendredis après-midi.

Comment voulez-vous que l’on comprenne que la cinquième puissance mondiale, avec tous les moyens techniques et technologiques à sa disposition, n’arrive pas à arrêter des bandits sur des motos ?, s’indigne un technicien opposé à l’intervention française depuis 2013. Martelant que les manifestations ne sont pas contre le peuple français mais contre sa politique, il était à la dernière en date, le 10 janvier.

Une critique jugée légitime, pour un diplomate européen en poste à Bamako, mais un reproche qui a pris moins d’ampleur depuis la réunion des chefs d’État du G5 Sahel à Pau le 13 janvier dernier. Les réticents aux forces étrangères y ont eu une première réponse sur la collaboration entre la France et le Mali, observe Clément Dembélé, président de la Plateforme de lutte contre la corruption et le chômage, qui regroupe 380 associations.

Mais l’inefficacité n’est pas le seul reproche formulé à l’endroit des forces internationales que composent l’opération française Barkhane et les casques bleus de la mission des Nations unies au Mali, la Minusma. Le statut de Kidal, ville du nord du pays, contrôlée par un groupe signataire de l’accord de paix de 2015, est au centre des conversations.

Interesting analysis of the rising hostility towards external intervention in #Mali to fight #terrorism. https://t.co/flcGzgi33G via @FR_Conversation

— Eva Magdalen Stambøl (@EvaStambol) February 12, 2020
Les militaires français ont empêché nos forces d’y entrer lors de sa libération en janvier 2013, tempête Seydou Sidibé, membre du Groupe des patriotes du Mali (GPM), acteur actif dans l’organisation des manifestations. Une fausse information, selon le diplomate, qui tend à être réfutée par le déploiement des forces armées maliennes (FAMa) cette semaine. Un déploiement qui marque le retour de l’État dans cette zone qui échappe au pouvoir central.

Renforts français
L’envoi de 600 nouveaux soldats au sein des rangs de la force française Barkhane ne calme en rien les mœurs des patriotes. On a l’impression qu’il y a une mise sous tutelle du pouvoir, partage Mahamadou Coulibaly, du GPM. Ces soldats nous ont été imposés. Malgré l’accalmie, il prévient que les anti-forces françaises vont redoubler d’efforts pour arriver à leurs fins.

Un soldat du 93e régiment d’artillerie de l’opération Barkhane.
Un soldat du 93e régiment d’artillerie de l’opération Barkhane. | PHILIPPE DESMAZES / AFP
Un mouvement qui fait plus de bruit que de mal. Le 10 janvier dernier, la manifestation annoncée comme historique a rassemblé près d’un millier de personnes sur la place de l’indépendance de Bamako. Une autre manifestation est annoncée pour le 26 mars, à Bamako et en région, selon les organisateurs.

Des voix très audibles, qui donnent l’impression qu’il s’agit d’une opinion majoritaire, analyse le chercheur de l’Institut de recherche et de sécurité Baba Dakono lors d’une interview au média Studio Tamani. Mais lorsque l’on se rapproche des théâtres d’opérations, les gens vous diront qu’il y a des choses à améliorer, mais que sans les forces étrangères, les choses seraient pires.

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