Présidentielle en Tunisie : un second tour inédit entre deux candidats

On ne peut pas vraiment parler de surprise. L’Instance électorale (Isie) de Tunisie n’a fait que confirmer les premiers résultats qui avaient circulé depuis le dimanche soir du premier tour de la présidentielle. Le second tour de la présidentielle oppose bien l’universitaire indépendant Kaïs Saïed et l’homme d’affaires passé par la case prison Nabil Karoui. Le premier a obtenu 18,4 % des voix et le second 15,58 %. Ce 13 octobre, ils se disputent les suffrages des Tunisiens.

Des résultats confirmés

Selon des résultats officiels, M. Saïed a obtenu « 18,4 % » des voix et M. Karoui « 15,58 % », a déclaré le président de l’Isie, Nabil Baffoun, lors d’une conférence de presse. L’Isie avait annoncé que le second tour de la présidentielle pourrait se tenir le même jour que les élections législatives prévues le 6 octobre. « Si les recours en urgence sont déposés uniquement en première instance, l’instance électorale peut tenir le second tour du scrutin présidentiel le 6 octobre », a précisé Anis Jarboui, membre de l’Isie, dans des déclarations à la presse. Il s’agit également de prévoir deux urnes pour chaque scrutin dans les bureaux de vote, a-t-il précisé. Les avocats de Nabil Karoui, accusé de blanchiment d’argent et de fraude fiscale et en détention provisoire depuis le 23 août, ont indiqué qu’ils déposeraient une nouvelle demande de libération dès les résultats confirmés. Karoui reste éligible tant qu’aucune condamnation ne le prive de ses droits civiques, a souligné l’Isie.

Un chamboulement politique

L’issue en reste indécise, d’autant que les deux candidats, très différents, ont puisé sur le même registre « antisystème ». Kaïs Saïed est aussi ascétique et déconnecté des élites que Nabil Karoui est flamboyant et proche du gotha tunisien. L’incarcération de Nabil Karoui à dix jours du début de la campagne, qu’il a dénoncée comme une « injustice », a confirmé son statut d’outsider, bien qu’il ait longtemps été un important soutien du défunt président Béji Caïd Essebsi.

Kaïs Saïed, lui, est un universitaire farouchement indépendant, qui prône une décentralisation radicale du pouvoir, avec une démocratie locale et des élus révocables en cours de mandat. « Les problèmes sociaux ne seront pas résolus par le pouvoir central », a-t-il déclaré à l’AFP lundi. « Je ne vends pas un programme, c’est aux citoyens de le fixer, de faire les grands choix pour dépasser la misère. »

Avant même les législatives cruciales dont on sait qu’elles ont été dominées par le parti islamiste Ennahdha et Qalb Tounes, le mouvement de Nabil Karoui, des tractations avaient déjà commencé. L’avenir du régime parlementaire mixte va sans nul doute se jouer aussi à travers le résultat de cette présidentielle du 13 octobre.

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