« The Independent » établit une relation entre le meurtre de Khashoggi et les menaces émises par la ministre égyptienne contre les opposants exilés

Courrier arabe

Le journal britannique  » The Independent  » a mis en lumière les déclarations de la ministre égyptienne de l’immigration Nabila Makram lors d’une visite au Canada reproduites dans une vidéo largement diffusée où elle a menacé ceux qui critiquent le régime d’al-Sissi de les  » décapiter « . Elle a même fait le geste explicite en passant la main sur son cou.

Cette menace a enflammé les réseaux sociaux en Égypte et dans tout le monde arabe, ce qui a poussé la ministre à s’expliquer en affirmant que « ses propos ont été sortis de leur contexte et déformés par les Frères Musulmans ».

Makram a affirmé qu’elle ne visait pas le recours à la violence, mais qu’elle a employé « une expression simple pour toucher les cœurs des gens » selon « The Independent ».

Cependant, le journal britannique a remis en question « l’innocence » de ces déclarations en faisant référence à un crime haineux ayant secoué l’opinion publique mondiale il y a moins d’un ans, celui du journaliste Jamal Khashoggi qui avait choisit de s’exiler pour éviter la confrontation avec le régime saoudien. Cependant, il a été brutalement assassiné et son corps découpé à l’intérieur du consulat de son pays.

Selon le même journal, Ces déclarations ont mis en état d’alerte tous les activistes issus de pays arabes répressifs.

Amrou al-Daraj, l’ancien ministre de la planification et de la coopération internationale dans le gouvernement du président défunt Mohammed Morsi, a déclaré au journal britannique: « comme c’est le cas pour le meurtre de Khashoggi, les propos tenus par Makram visent à transmettre un message aux opposants les invitant à se taire au risque de subir de graves conséquences, même s’ils vivent à l’étranger ».

Le même journal souligne que ces dernières années ont connu une liberté d’expression, et une rapidité d’échange des idées et une circulation des informations sans précédent grâce à l’Internet et aux chaînes satellitaires. Cette évolution a rendu les régimes despotiques au Moyen-Orient plus vigilants vis-à-vis de leurs opposants.

En plus de l’Arabie Saoudite, l’Iran aurait éliminé de nombreux opposants qui vivaient en France, au Danemark, en Hollande et en Albanie.

Aymen Nour, un ancien candidat à l’élection présidentielle en Égypte vivant maintenant en exil en Turquie a écrit sur son compte Twitter: « Makram ne fait pas la différence entre les conspirations qu’elle a entendu durant les réunions fermées, et ce qu’elle doit dire en séances publiques ».

« Ainsi, elle a révélé les intentions du régime criminel d’al-Sissi », a ajouté Aymen.

Amr Magdi, un chercheur égyptien à Human Rights Watch a indiqué: « nous savons pertinemment que Makram est une ministre d’un gouvernement qui a déjà emprisonné des dizaines de milliers d’opposants en plus de la torture systématique et la disparition forcée pratiquées contre ceux qui critiquent son gouvernement ».

Magdi a ajouté: « ils ne plaisantent pas ».

Rappelons que depuis le coup d’État fomenté par al-Sissi contre le président défunt Mohammed Morsi en juillet 2013, une campagne répressive féroce a été menée contre les opposants des différents courants politiques en Égypte, entraînant des centaines de victimes et des milliers d’autres qui dépérissent dans les prisons.

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