Tunisie: La justice militaire émet des mandats d’arrêt contre des députés de la Coalition al-Karama

Samedi, la justice militaire tunisienne a émis des mandats d’arrêt contre 4 membres du bloc parlementaire de la « Coalition Al Karama », rapporte l’un des députés du groupe.

Habib Ben Sidhom, député de la « Coalition Al Karama » (18 sièges sur 217), a fait savoir dans un post sur sa page officielle Facebook, que « la justice militaire a ordonné le maintien en détention de 4 députés de la Coalition liés à l’affaire de l’aéroport Tunis-Carthage ».

« Où sont les corrompus ? Où sont les vrais criminels ? Où sont les saboteurs et les vrais conspirateurs contre la sûreté de l’État?», s’est interrogé Ben Sidhom sans fournir plus d’explications.

De son côté, l’avocat Hosni Béji proche dudit bloc, a déclaré que « le juge d’instruction militaire a émis des mandats d’amener aujourd’hui à l’encontre de 4 députés du bloc de la « Coalition Al Karama ».

L’avocat a précisé dans un post sur sa page Facebook, que « les quatre députés en question sont: Seifeddine Makhlouf, président du bloc, ainsi que les députés Abdellatif Aloui, Mohamed Affes et Maher Zid ».

Jusqu’à 14H40 GMT, les autorités tunisiennes n’ont émis aucun commentaire sur l’arrestation des quatre députés.

En mars dernier, l’aéroport international de Tunis-Carthage a été le théâtre d’une bagarre générale entre des agents de sécurité de l’aéroport et des députés de la « Coalition Al Karam », après que ces derniers ont tenté de défendre une passagère, – fichée « S17 »-, qui a été empêchée de quitter le pays pour des raisons de sécurité.

À noter, que le système de fichage sécuritaire « S17 », est une directive sécuritaire qui a été adoptée à l’époque par l’ancien Président Zine El-Abidine Ben Ali (1987 -2011), pour stigmatiser (ficher) toutes les personnes soupçonnées d’avoir des liens avec des organisations terroristes.

En conséquence, le ministère public a autorisé l’ouverture d’une enquête sur l’incident survenu à l’aéroport Tunis-Carthage.

Le porte-parole du Tribunal de première instance de Tunis 1 et du Pôle judiciaire économique et financier, Mohsen Dali, a fait savoir, dans une déclaration précédente à l’Agence de presse officielle tunisienne Tunis Afrique Presse (TAP), que le ministère public « s’est chargé de l’affaire après avoir été informé du préjudice causé aux employés, sécuritaires et citoyens présents à l’aéroport, par les agissements des députés de la « Coalition Al Karama », et a donc ordonné à la police judiciaire d’ouvrir une enquête à cet effet ».

Les mandats d’arrêt font partie des mesures qui concernent notamment des arrestations et des révocations initiées par le Président tunisien Kaïs Saïed depuis le 25 juillet, lorsqu’il avait annoncé, au cours d’une réunion d’urgence avec de hauts responsables militaires et sécuritaires, le limogeage du chef du gouvernement Hichem Mechichi, le gel des pouvoirs du Parlement pour une durée de 30 jours et la levée de l’immunité parlementaire de tous les députés. Le locataire de Carthage a en outre annoncé qu’il présidera le ministère public.

Le chef de l’État a déclaré avoir pris ces décisions pour « sauver la Tunisie, l’Etat et le peuple tunisien » et que les mesures d’exception qui en découlent, sont temporaires. Certains partis politiques ont considéré lesdites mesures comme un « coup d’Etat contre la Constitution », tandis que d’autres y ont été favorables, estimant qu’il s’agissait d’une « rectification du processus révolutionnaire ».

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