Tunisie: lancement officiel de la « Consultation électronique » sur fond d’appels au boycott

Annoncée par le président Kaïs Saïed depuis plusieurs mois, la « Consultation populaire électronique » a été lancée, officiellement, samedi, en Tunisie, avec pour but « d’associer le citoyen au processus du changement démocratique dans le pays », sur fond d’appels lancés par les forces de l’opposition pour la boycotter.

Cette Consultation est une mesure initiée par le président Saïed, au mois d’octobre dernier, et qui avait commencé, à titre expérimental, au début du mois de janvier courant, pour « collecter les avis des citoyens, via une plateforme électronique, au sujet de questions diverses dans les domaines politique, social, et économique.

Selon la correspondante de l’Agence Anadolu, le site électronique officiel de la Consultation a été lancé, officiellement, samedi, et comporte une série de questions portant sur les thèmes de la Consultation.

Il ressort d’un communiqué mis en ligne sur le site électronique de la Consultation, immédiatement après son lancement, que « Cette plateforme vise à accorder l’opportunité à tous les Tunisiens d’exprimer leurs opinions et aspirations, en toute liberté et transparence, aux fins de soutenir le changement démocratique en Tunisie, et ce sera sur la base d’un canal non-traditionnel, dans une approche participative qui permet une compréhension commune de l’avenir du pays ».

La plateforme, poursuit le communiqué, permet de « suggérer des idées pour développer des approches et des visions nouvelles qui s’intéressent à la gestion des affaires publiques de la République dans ses différentes dimensions, de même qu’elle vise à faire du citoyen un acteur actif du processus de développement de nouveaux concepts inhérents aux choix fondamentaux, liés aux champs politique, électoral, social, économique et culturel dans le pays ».

Au mois d’octobre dernier, Saïed avait indiqué que des « Consultations populaires » seront lancées à la mi-janvier 2022, et prendront fin le 20 mars prochain (date anniversaire de l’indépendance de la Tunisie).

Il a souligné qu’une commission, dont les membres et les compétences seront respectivement désignés et arrêtées ultérieurement, procéderont à la synthèse des différents points de vue et idées, d’ici le mois de juin prochain.

Le lancement officiel de la Consultation intervient au milieu d’appels de boycott lancés par les forces politiques qui rejettent les mesures de Saïed.

Le 2 janvier courant, l’ancien président Mohamed Moncef Marzouki avait qualifié cette consultation « d’un nouveau processus d’arnaque », considérant que le but de son lancement « n’est pas de consulter les Tunisiens au sujet de la nouvelle Constitution, mais plutôt d’obtenir leurs données personnelles », appelant les Tunisiens à « l’ignorer ».

La Tunisie évolue, depuis le 25 juillet dernier, au rythme d’une crise politique aiguë, à la suite des mesures d’exception prises par le président Saïed, s’agissant notamment de la suspension des activités du Parlement, du limogeage de l’ancien Chef du gouvernement et de sa décision de légiférer par voie de décrets.

La plupart des forces politiques et civiles tunisiennes rejettent ces mesures, en particulier le mouvement Ennahdha, qui les considèrent comme étant « un coup d’Etat contre la Constitution », tandis que d’autres forces les soutiennent estimant qu’il s’agit d’une « restauration du processus de la Révolution de 2011 ».

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