Tunisie : L’ISIE lancera des poursuites judiciaires contre ceux qui boycotteront le référendum du 25 juillet prochain

Courrier arabe

En Tunisie, les déclarations présentées par les membres de l’Instance Supérieure Indépendante pour les Élections (ISIE) ont fait polémique, après avoir évoqué «la possibilité de lancer des poursuites judiciaires contre les Tunisiens qui boycotteront le référendum du 25 juillet».

Le vice-président de l’ISIE, Maher Jedidi, avait signalé lors de déclarations présentées mardi à la radio officielle : «Au cas où les actes et agissements de ceux appelant au boycott peuvent être qualifiés de crimes de droit commun, ces derniers pourront faire face à des poursuites pénales».

L’opposition se dit «inquiétée par cette déclaration, car elle risque de se retrouver face à des accusations d’atteinte à la sécurité nationale et à la paix sociale, en raison des appels au boycott du référendum».

Les appels au boycott et la campagne

Maher Jedidi avait souligné que «ceux appelant au boycott du référendum n’étaient pas concernés par la campagne du référendum».

Il avait précisé: «Les participants à la campagne du référendum sont les personnes physiques, les partis politiques, les organisations, les associations et les instances œuvrant pour l’intérêt public et visant à concrétiser le principe de la citoyenneté et les valeurs de la démocratie».

Il avait aussi affirmé que «seuls ceux appelant à voter en faveur ou contre le projet de la nouvelle constitution avaient la possibilité de participer à la campagne du référendum».

Les membres de l’ISIE lancent des messages clairs

De son côté, Mohamed Tlili Mansri, membre de l’ISIE a indiqué, lors de déclarations de presse, que «les partis politiques et les associations appelant au boycott du referendum, et qui ne déposeront pas des autorisations de participation, seront interdits de parler du référendum, devant les médias et les rassemblements publics».

De son côté, Sami ben Salama, membre de l’ISIE, a noté sur son compte Facebook: «Toutes déclarations irresponsables est loin de représenter l’ISIE».

Il avait noté : «Il importe de rappeler que l’ISIE est chargée d’installer un climat favorable aux élections, de gagner la confiance des électeurs et des acteurs politiques (soient qu’ils appellent à la participation ou au boycott) et de leurs préparer un climat favorable pour exercer leurs devoirs, afin que l’opération électorale se déroule au mieux, pour notre pays et notre peuple».

Les politiciens demandent des explications

Dès lors, Bassam Mater, le président de l’Association Tunisienne pour l’Intégrité et la Démocratie des Elections (ATID), a signalé lors de déclarations présentées au journal al-Araby al-Jadeed, «L’ISIE doit organiser une conférence de presse pour expliquer les décisions annoncées par ses membres au sujet boycotteurs du référendum».

Il avait estimé «qu’il était possible que les politiciens redoutent l’impact que pourrait avoir les boycotteurs sur le résultat du référendum», signalant que «l’opération électorale, prévue pour prochainement, était toujours obscure, ce qui n’est pas normal».

Il a toutefois indiqué que «les Tunisiens divisés en trois classes (opposants, partisans, et boycotteurs) se faisaient la guerre sur les réseaux sociaux», redoutant que «les conflits se transforment au monde réel, tenant compte de la tension qui continue de monter».

De sa part, l’organisation «I Watch» a dénoncé lors d’un communiqué publié mardi soir, que «les menaces lancées par l’ISIE et ses membres aux individus et aux organisations».

Elle avait accusé l’ISIE et ses membres «d’adopter une politique trompeuse, pour mettre en œuvre une propagande au profit des parties qui ont lancé le référendum».

Ziyad al-Hachimi, membre du parti, Coalition de la dignité, a expliqué au journal al-Araby al-Jadeed que «les décisions annoncées par l’ISIE (au sujet des boycotteurs du referendum) étaient illégales et contredisaient la constitution et présentaient des services au régime putschiste», précisant que «les jours à venir seront décisifs pour la Tunisie et la région arabe».

Et au sujet de l’interdiction des médias, il avait souligné : «Ceci sera un vrai challenge devant les médias tunisiens. Accepteront ils de se soumettre aux décisions qui ont placé la Tunisie en bas de la liste de la liberté d’expression?».

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