Un journaliste yéménite qui s’est évadé d’une prison saoudienne secrète raconte son supplice

Courrier arabe

Lors d’un entretien accordé au site français Mediapart, le journaliste yéménite Yahia Al-Souari ( 27 ans ) qui a réussi à s’évader d’une prison saoudienne secrète à Mahra a assuré qu’il a été soumis à diverses formes de torture qui lui ont rappelé le journaliste saoudien Jamal Khashoggi et la manière dont son corps a été découpé avec une tronçonneuse.

Al-Souari enquêtait sur les violations perpétrées par l’Arabie Saoudite à Mahra avant d’être kidnappé le 3 juillet dernier et incarcéré pendant 56 jours dans les prisons saoudiennes à Mahra dont une prison située à l’intérieur de l’aéroport Al-Ghaydah selon ses termes.

Le journaliste yéménite a raconté qu’il a demandé une fois à l’un des enquêteurs s’il « serait le prochain Khashoggi », indiquant qu’il a connu plus tard l’identité de l’enquêteur: le général Hazâa al-Matiri, le chef d’état-major de la marine.

Il affirmé que plusieurs accusations ont été portées contre lui pour justifier son emprisonnement comme espionnage au profit de Hezbollah, de Qatar, du sultanat d’Oman et des Houthis. Il souligné que les enquêteurs saoudiens lui ont demandé une fois de leur fournir les noms d’officiers qataris.

Avant qu’il ne soit arrêté, al-Souari a publié un rapport détaillé renforcé de témoignages dans lequel il a montré comment les forces militaires saoudiennes ont pris de manière illégale le contrôle du port de Nashton et l’aéroport Al-Ghayda.

Il a également assuré que les autorités saoudiennes ont remplacé le préfet de Mahra Mohammed Abdallah Kda par Baradjih Bakrit qui est un Yéménite détenteur d’un passeport saoudien et qui reçoit ses instructions de Riyad.

Toujours selon le rapport réalisé par Yahia Al-Souari, l’Arabie saoudite a brutalement réprimé des manifestations pacifiques, a établi des bases militaires, a arrêté des opposants, a créé des milices armées en plus d’être impliqué dans des actes de pillage.

Al-Souari a signalé que l’Arabie saoudite essaie de construire un gazoduc partant de ses frontières vers le port de Mahra, ce qui lui permettrait d’éviter le passage par le détroit d’Ormuz et ainsi prévenir les menaces iraniens et réduire le coût de l’exportation du pétrole.

Par ailleurs, Al-Sawari a raconté qu’il avait tenté de se suicider à cause de la torture qu’il avait subie à l’intérieur de la prison. Il a réussi après des mois à creuser un petit échappatoire dans sa cellule duquel il s’est évadé, puis il a parcouru des dizaines de kilomètres avant de pouvoir sortir du pays clandestinement à l’aide de l’opposition de Mahra. En représailles contre lui, les autorités saoudiennes ont arrêté son frère qui a subi des agressions sexuelles et des tortures.
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