Yémen: les Houthis refusent des pourparlers de paix en Arabie saoudite

Les rebelles Houthis ne participeront pas à d’éventuels pourparlers de paix s’ils se tiennent à Riyad car l’Arabie saoudite, chef de file de la coalition adverse, est l’ « ennemie » dans la guerre au Yémen. C’est ce qu’a indiqué ce jeudi un responsable des Houthis. En parallèle, une conférence de donateurs organisée mercredi par l’ONU n’a permis de récolter que 1,3 milliard de dollars sur les 4,3 milliards nécessaires pour faire face à l’aggravation de la situation dans le pays.

Mardi 14 mars, un responsable du Conseil de coopération du Golfe (CCG) avait indiqué à l’AFP que cette organisation régionale cherchait à organiser un dialogue à Riyad, son siège, entre le gouvernement yéménite et les rebelles Houthis pour tenter de mettre fin au conflit qui ravage le Yémen depuis plus de sept ans.

« Nous accepterons toute invitation au dialogue qui ne se déroule pas dans des pays ennemis », a déclaré sous couvert d’anonymat un responsable des Houthis, assurant que les rebelles « tendraient toujours la main à la paix ».

1,3 milliard de dollars récoltés

Parallèlement, une conférence de donateurs organisée mercredi par l’ONU n’a permis de récolter que 1,3 milliard de dollars sur les 4,3 milliards nécessaires pour faire face à l’aggravation de la situation dans le pays, au bord d’une famine à grande échelle.« Nous sommes déçus de ne pas avoir été en mesure pour le moment d’engranger des promesses de dons de certains (pays) dont nous espérions qu’ils le feraient », a déclaré le secrétaire général adjoint de l’ONU pour les Affaires humanitaires, Martin Griffiths.

Martin Griffiths a promis de redoubler d’efforts pour tenter -au moyen d’autres appels dans les mois à venir- de récolter les fonds nécessaires pour ce pays. L’ONU avait appelé les pays donateurs, qui sont pour un grand nombre d’entre eux concentrés sur la guerre en Ukraine, de ne pas oublier le Yémen pour autant.

« Le Yémen ne fait peut-être plus les gros titres, mais la souffrance humaine n’a pas diminué. (…) Aujourd’hui, le manque de fonds risque d’entraîner une catastrophe », avait prévenu le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, à l’ouverture de la conférence virtuelle. « Des millions de personnes sont confrontées à une faim extrême, et le Programme alimentaire mondial a dû réduire de moitié les rations en raison du manque de fonds. D’autres réductions sont imminentes. »

Parmi les pires situations humanitaires au monde

« La situation humanitaire au Yémen est parmi les pires au monde », a assuré Martin Griffiths. Cette situation risque de s’aggraver car l’incertitude liée au conflit en Ukraine a porté les marchés mondiaux des céréales au plus haut. Et environ un tiers du blé utilisé au Yémen provient de Russie et d’Ukraine, selon Martin Griffiths.  L’appel de l’ONU est d’autant plus urgent que les fonds dont disposent les organisations humanitaires sont en train de se tarir.

Le Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule arabique, est confronté à une guerre dévastatrice depuis 2014, opposant les Houthis, soutenus par l’Iran, au gouvernement, appuyé par une coalition militaire dirigée par l’Arabie Saoudite et dont les Émirats arabes unis sont un acteur clé.

Selon l’ONU, la guerre a causé la mort de près de 380 000 personnes et provoqué l’une des pires crises humanitaires au monde. Des efforts diplomatiques menés depuis des années sous l’égide de l’ONU pour amener les deux parties à conclure un accord de paix n’ont pas abouti.

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