Algérie : convoquée comme témoin, la responsable du Parti des travailleurs incarcérée

Louisa Hanoune, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) a été placée, ce jeudi, en détention provisoire par le magistrat instructeur auprès du tribunal militaire de Blida pour « préjudice au pouvoir de l’armée » et « complot contre l’État ».

La veille, Hanoune avait reçu une convocation pour être entendue en tant que témoin dans le dossier de Saïd Bouteflika, frère et conseiller de l’ex-président Abdelaziz et les deux anciens chefs des renseignements militaires: Mohammed Mediene dit Toufik et Bachir Tartag.

La chaîne de télévision officielle a diffusé des images en direct de Hanoune qui est entrée toute seule au tribunal militaire de Blida.

Réaction du Parti des travailleurs

Le PT a qualifié cet acte de « dérive gravissime » à travers un communiqué où il a sévèrement critiqué ce qu’elle a subie, et a appelé à « l’abondon de toutes les charges retenues contre elle et à sa libération inconditionnelle ».

Le bureau politique du parti s’est réuni en urgence et a considéré cette arrestation comme « incrimination de l’action politique indépendante, et l’expression d’une volonté de mise au pas des militants et activistes par le pouvoir de fait ».

Le parti a parlé d’une  » campagne immonde lancée contre le PT et sa secrétaire générale », ajoutant que ce qui est reproché à Hanoune est que son parti s’est exprimé contre « toutes les manœuvres visant à contourner la révolution populaire exigeant le départ du système dont la prétendue transition qu’ils veulent faire déboucher sur la présidentielle du 4 juillet 2019 ».

Le président du parti le Front de l’Algérie Nouvelle, Jamel Abdeessalam, a déclaré à Al-Jazeera.net que l’arrestation de Hanoune est « un coup terrible pour tout ceux qui ont comploté contre l’État et l’armée, et une message clair de la justice algérienne signifiant que ce genre d’affaires ne peut être toléré ».

Abdeessalam pense que la participation de Hanoune dans « la réunion suspecte avec des forces non constitutionnelles » est une cause directe de son arrestation. Il cite aussi le soutien que Louisa Hanoune apportait au général Toufik ainsi que son attaque brutale contre Gaïd Salah, vice-ministre de la défense nationale et chef d’état-major de l’armée, une grave erreur selon Jamel Abdeessalam.

Rappelons que le chef d’état-major, dans un de ses discours, avait évoqué une réunion qu’il a qualifié de « suspecte » qui aurait eu lieu le 30 mars dernier dans la résidence présidentielle à Zéralda située dans la banlieue d’Alger.

Elle aurait réuni Saïd Bouteflika, les deux généraux Toufik et Tartag ainsi que d’autres personnalités influentes, et qui avait pour objectif d’instaurer l’état d’urgence, réprimer les manifestants et destituer le chef d’état-major pour faire passer le projet du cinquième mandat malgré le vaste rejet populaire.

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