Algérie / Covid-19 : risque de perdre un stock de 13 millions de doses de vaccin

Le gouvernement algérien multiplie, depuis quelques jours, les appels à la vaccination contre la Covid-19.

Craignant l’effet dévastateur d’une probable quatrième vague de la pandémie, le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, alerte les Algériens sur la nécessité de se faire vacciner, surtout, a-t-il affirmé ce dimanche à Alger, en marge d’une rencontre nationale sur l’investissement, que le pays risque de perdre « un stock de 13 millions de doses, dont la date de péremption est très proche ».

« Les gens doivent prendre conscience. Il y a des personnes en bonne santé, dont des célébrités au niveau national qui ont été emportées par le virus. Personne n’est à l’abri », a-t-il lancé, rappelant que seulement 24% de la population est vaccinée.

Selon le ministère de la Santé, il y a seulement 5 millions d’Algériens qui sont totalement vaccinés et 6 millions autres mono-vaccinés (ils n’ont pris qu’une dose).

Ces derniers, a averti Abderrahmane Benbouzid, sont « les plus exposés à la contamination, d’autant que la première dose réduit sensiblement l’immunité ».

Tout en invitant les Algériens à se faire vacciner, le ministre annonce l’importation, en décembre prochain, de 7 millions de doses supplémentaires.

L’Algérie, rappelons-le, a lancé sa campagne de vaccination, en mars 2021 en prévoyant de toucher 20 millions de personnes.

Mais face à la réticence des citoyens, le pays a fait face, durant l’été dernier, à une crise sanitaire aiguë, marquée par une tension sur l’oxygène au niveau des hôpitaux et un fort taux de mortalité parmi les personnes contaminées.

Le risque pourrait être plus élevé, selon la Fondation pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (FOREM), en cas d’une nouvelle vague de contamination.

Pour le président de cette organisation, Mostafa Khiati, l’Algérie « est loin d’avoir une immunité de groupe ».

« Nous avons aujourd’hui 12 à 13 millions de personnes qui pourraient être exposées et donc payer un lourd tribut à la prochaine vague. Je pense qu’on a encore quelques semaines pour, peut-être, rattraper et inverser la situation s’il y a une campagne de sensibilisation intensive », a-t-il indiqué, dans une déclaration rendue publique dimanche.

Il lance même un appel aux autorités. « Il (…) n’y a pas d’autre solution à cette pandémie en dehors de la vaccination. Il faut vacciner le maximum. En Europe, les décès se comptent essentiellement parmi les non vaccinés dont le taux avoisine 15 %. En Algérie, nous sommes à 80 % voire 90 % de non vaccinés, alors même qu’il fallait à un certain moment mettre le paquet sur les catégories les plus exposées (personnes âgées, sujets souffrant), ce qui n’a pas été fait », a-t-il expliqué.

Le président de la FOREM souligne également des manquements dans la stratégie du gouvernement concernant la lutte contre la propagation du virus mortel.

« On a affirmé que la vaccination était le seul recours mais on n’a pas fait l’effort d’une campagne de sensibilisation à la vaccination au point que l’on assiste à un recul en la matière. Or, on a vu par le passé qu’à chaque fois qu’il y a une flambée de l’épidémie en Europe, quelque temps après celle-ci apparaît en Algérie. Et il est à craindre qu’au courant des mois de décembre 2021 et janvier 2022, l’on assiste également à une reprise conséquente de l’épidémie en Algérie. Certainement motivée par un nouveau variant », a-t-il averti.

Et de regretter : « Malheureusement, on n’a rien fait en matière de séquençage génétique pour les détecter (les variants) à temps, etc. D’autre part, des enquêtes épidémiologiques sérieuses nous auraient édifiés sur la situation et les points sensibles susceptibles de s’embraser et nous auraient permis d’envisager ce qu’il faut faire en fonctions de tous ces éléments ».

Quitter la version mobile