Algérie : manifestations dans plusieurs villes marquant la reprise des marches du Hirak

Des milliers d’Algériens ont manifesté dans plusieurs villes du pays, notamment dans la capitale Alger, pour réitérer les appels au changement, lors du premier vendredi suivant le deuxième anniversaire du mouvement populaire (Hirak), qui a débuté le 22 février 2019 et a renversé l’ancien président Abdelaziz Bouteflika.

Les manifestations surviennent quelques jours après que le président Abdelmajid Tebboune ait annoncé des mesures pour, selon des observateurs, « calmer la rue »: dissolution de l’Assemblée populaire nationale (la première chambre du parlement), appel à des élections législatives anticipées, amnistie pour des dizaines de personnes arrêtées pendant le mouvement, et un remaniement partiel du gouvernement.

Selon le correspondant de l’Agence Anadolu, les manifestants se sont rassemblés sur les places et dans les rues de plusieurs villes du nord, notamment la capitale Alger, Bejaia et Constantine, en réponse aux appels des militants à reprendre les marches appelant au changement.

Le 22 février dernier, des milliers d’Algériens sont descendus dans les rues pour marquer le deuxième anniversaire du Hirak.

Le mouvement a débuté à la même date en 2019, et a poussé Bouteflika à démissionner le 2 avril de la même année.

Après la démission de Bouteflika, et l’élection du président actuel, Tebboune, pour lui succéder le 12 décembre 2019, les marches du mouvement populaire se sont poursuivies jusqu’à la déclaration de l’état d’urgence sanitaire en raison de l’apparition du coronavirus en mars 2020.

Ces derniers jours, les activistes ont renouvelé leurs appels à la reprise des marches du Hirak pour faire pression sur le régime afin de « concrétiser les demandes de changement radical », selon ce qu’ils ont annoncé sur les plateformes des réseaux sociaux.

Les activistes ont baptisé les manifestations d’aujourd’hui « le 106e vendredi du Hirak », et ont renouvelé les slogans appelant à un changement radical du système et à une rupture avec les anciennes pratiques.

Des slogans et des chants ont été scandés, dont « une Algérie libre et démocratique », « Le peuple veut l’indépendance », « Le peuple est la source de l’autorité » et « Le peuple veut un État civil ».

Ces manifestations ont été pacifiques et la police, fortement présente dans les rues de la capitale, Alger, s’est contentée d’encadrer la foule sans intervenir, bien que les autorités aient empêché les rassemblements et les manifestations depuis le début de la pandémie.

Ces manifestations ont également été précédées par des campagnes dans les médias sociaux appelant au port de masques et au respect des mesures de prévention liées à la pandémie de Covid-19 pendant la manifestation.

Il y a quelques jours, le ministre des affaires étrangères Sabri Boukadoum a déclaré, dans une interview accordée à une chaîne de télévision française, que protester est un droit garanti par la constitution, mais que les conditions sanitaires actuelles exigent que chacun assume la responsabilité des risques de non-respect des mesures de prévention.

Mercredi, le président Tebboune s’est engagé, dans un message aux Algériens à l’occasion de l’anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures, le 24 février, à incarner les exigences du changement.

Tebboune a déclaré : « Je répète ce que je vous ai dit l’année dernière à cette occasion, en renouvelant mon pacte avec vous pour me hâter de construire une nouvelle république forte, sans corruption ni haine ».

Dans ses discours, Tebboune a répété la phrase « construire la nouvelle république » et mettre fin aux pratiques qui ont marqué l’ère précédente (l’ère du président Bouteflika), fondée sur la liberté et l’état de droit.

Quitter la version mobile