Bloomberg: le prince héritier émirati a utilisé une banque au Luxembourg pour attaquer le Qatar

L’agence de presse internationale « Bloomberg » a déclaré que le prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammed ben Zayed, a utilisé une banque privée au Luxembourg pour attaquer les marchés financiers au Qatar. L’agence a d’ailleurs évoqué d’autres consultations et transactions liées aux activités émiraties dans le monde.

Dans un rapport paru lundi, l’agence a examiné un ensemble de courriers électroniques, de documents, de dossiers juridiques et d’entretiens avec d’anciens hauts responsables se rapportant à l’étendue des services fournis par la Banque Havilland au Luxembourg à l’un de ses plus gros clients, Mohammed ben Zayed.

Selon les informations collectées, certaines prestations conclues entre les deux parties allaient bien au-delà des conseils financiers, pour inclure la recherche d’opportunités au Zimbabwe et la création d’une société pour acheter les droits d’image des joueurs du club de football de Manchester City, qui est actuellement la propriété d’Abou Dhabi.

L’une des collaborations les plus importantes entre les deux parties s’est concrétisée par le plan échafaudé par la banque en 2017 pour attaquer les marchés financiers du Qatar, un pays assiégé par les Émirats arabes unis, l’Arabie Saoudite, l’Égypte et le Bahreïn pour avoir prétendument parrainé le terrorisme.

Ce plan définissait cinq missions que la Banque Havilland devait accomplir en usant d’une attaque coordonnée, dont l’objectif en somme est d’épuiser les réserves de change du Qatar et d’affaiblir financièrement son gouvernement.

Bloomberg a rapporté que le prince héritier d’Abou Dhabi était connu dans les couloirs de la banque sous le pseudonyme du président, en raison de l’énorme volume des activités et de la coopération entre les deux parties.

En avril 2019, le Qatar a intenté des poursuites judiciaires contre trois banques, accusées d’avoir manipulé sa monnaie locale (le riyal) sur les marchés étrangers, afin de nuire à son économie, et ce, juste après le blocus imposé à Doha par l’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis, le Bahreïn et l’Égypte.

Le bureau de communication du gouvernement qatari a déclaré dans un communiqué publié à l’époque par l’Agence Anadolu que les plaintes ont été déposées à Londres et à New York, contre les banques Havilland basé au Luxembourg, la First Abu Dhabi Bank basée à Abou Dhabi et le Samba Financial Group basé en Arabie Saoudite.

Le Qatar estime que la Banque Havilland a tenté d’affaiblir sa devise nationale, en proposant des prix frauduleux sur les plateformes de change à New York, et ce, dans le but de perturber les indicateurs et les marchés où il y a une forte présence des actifs et investisseurs qatariens.

Depuis juin 2017, les Émirats arabes unis, l’Arabie Saoudite, le Bahreïn et l’Égypte ont rompu leurs relations avec le Qatar, en invoquant comme motif, « le soutien de ce dernier au terrorisme », ce que Doha nie en bloc, en accusant le quatuor de chercher à imposer une tutelle sur la décision nationale qatarie.

Selon les courriers divulgués, la Banque Havilland fait face à une enquête judiciaire au Luxembourg sur ce que les procureurs qualifient de « guerre contre le Qatar », tandis que la banque a affirmé avoir mis en œuvre une stratégie de gestion des risques pour protéger les avoirs des Émirats arabes unis des obligations qatariennes.

Bloomberg a rapporté les déclarations d’un porte-parole de la banque dans un communiqué émis par courrier électronique disant que : « La Banque Havilland nie fermement toute allégation d’actes répréhensibles ou de comportements inappropriés émise contre elle de la part de l’État du Qatar … La banque n’a fait partie d’aucun complot contre le pays ».

D’après l’agence Bloomberg, « La Banque Havilland n’est pas une institution financière normale … Des documents et des courriers électroniques montrent que l’entreprise bancaire s’est spécialisée dans les actions que d’autres organismes financiers pourraient rejeter … Sa liste de clientèle comporte des corrompus et des criminels présumés dans des foyers de corruption dans le monde ».

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