Hong Kong : la police arrête plusieurs figures du mouvement pro-démocratie

Former student leader Joshua Wong walks out from prison after being jailed for his role in the Occupy Central movement, also known as “Umbrella Movement”, in Hong Kong, China, June 17, 2019. REUTERS/Tyrone Siu TPX IMAGES OF THE DAY

Arrestations symboliques à Hongkong, vendredi matin. Joshua Wong, militant prodémocratie hongkongais et visage du mouvement des Parapluies en 2014, ainsi qu’Agnès Chow, notamment, ont été interpellés, a annoncé leur parti, Demosisto. Samedi, une nouvelle manifestation est prévue dans l’ex-colonie britannique, mais elle a été interdite par la police.

« Notre secrétaire général @joshuawongcf vient d’être arrêté ce matin vers 7 h 30 », a tweeté le parti Demosisto. « Il a été poussé de force dans un monospace privé, dans la rue, en plein jour. Nos avocats suivent désormais le dossier. » La police s’est bornée à annoncer l’arrestation de deux personnes de 22 ans, en ne les désignant que par leur nom de famille, Wong et Chow, et en les accusant notamment d’en « inciter d’autres à participer à un rassemblement non autorisé ». Les deux devaient être présentés dans l’après-midi à un tribunal. Quelques heures plus tôt, un autre militant, Andy Chan, avait été arrêté à l’aéroport.

Deux autres parlementaires pro-démocratie ont été arrêtés tard vendredi à Hongkong, a indiqué leur parti Passion civique, portant à trois le nombre de députés interpellés dans une tentative, selon des associations, de museler l’opposition après l’interdiction d’une grande manifestation samedi. Au Nok-hin et Jeremy Tam ont été interpellés pour obstruction à la police, a indiqué le parti sur sa page Facebook. Auparavant vendredi, et pour la première fois depuis le début en juin de la mobilisation, un député, Cheng Chung-tai, avait aussi été arrêté, selon son parti Passion civique. La région semi-autonome traverse depuis près de trois mois sa pire crise depuis sa rétrocession à la Chine en 1997, avec des manifestations et des actions quasi quotidiennes qui ont parfois dégénéré.

La « propagation de la “Terreur blanche” »

Ces arrestations illustrent la « propagation de la “Terreur blanche” à l’égard des manifestants hongkongais », a déclaré Issac Cheng du parti Demosisto cofondé par Joshua Wong. Andy Chan est le fondateur du Parti national (HKNP), minuscule formation indépendantiste qui avait été interdite par les autorités en 2018. Évoquer l’indépendance de l’ex-colonie britannique est un tabou absolu pour le gouvernement central chinois.

Un quatrième manifestant prodémocratie, Rick Hui, un conseiller du quartier populaire de Sha Tin, a également été arrêté vendredi, selon sa page Facebook, qui ne précise pas les raisons de cette interpellation. Amnesty International a fustigé « ce coup de filet ridicule à l’aube » et condamné les arrestations de Joshua Wong et d’Agnès Chow, qui sont « de scandaleuses attaques contre la liberté d’expression et de réunion » et des « tactiques visant à semer la peur tout droit sorties des manuels chinois ».

Plus de 850 personnes déjà arrêtées

Hongkong est secoué depuis près de trois mois par une mobilisation populaire sans précédent depuis sa rétrocession à la Chine en 1997. Ce mouvement a été marqué par de nombreuses actions organisées par la mouvance prodémocrate, en particulier des manifestations monstres, dont certaines ont dégénéré en affrontements violents entre radicaux et forces de l’ordre.

Plus de 850 personnes ont été arrêtées en lien avec ces manifestations, et notamment le militant indépendantiste Andy Chan, qui a été interpellé jeudi soir. Le fondateur du Parti national (HKNP), minuscule formation indépendantiste interdite par les autorités en 2018, a été interpellé alors qu’il était sur le point d’embarquer dans un vol à destination du Japon, rapporte le site Hong Kong Free Press en citant un porte-parole de la police. Ce dernier a précisé au site qu’Andy Chan était soupçonné de participation à une émeute et d’avoir agressé un policier.

Joshua Wong libéré en juin dernier

Samedi, les manifestants entendent marquer le cinquième anniversaire du refus par Pékin d’organiser des élections au suffrage universel dans la ville, une décision qui avait déclenché le mouvement des Parapluies, dont Joshua Wong, alors âgé de 17 ans, fut la figure la plus en vue. Lors de ce mouvement, des foules avaient bloqué le cœur financier et politique de Hongkong pendant 79 jours pour exiger des réformes démocratiques. Mais Pékin n’avait fait aucune concession.

Joshua Wong, qui avait été condamné à une peine de prison pour son rôle dans ce mouvement, avait été libéré à la mi-juin, annonçant d’emblée qu’il allait rejoindre les rangs de la nouvelle mobilisation qui avait débuté à Hongkong.

Invoquant des raisons de sécurité, la police a refusé d’autoriser la manifestation de samedi, une mesure qui fait craindre des affrontements entre police et protestataires qui vont vraisemblablement braver l’interdiction.

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