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vendredi, avril 19, 2024

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Jordanie: Amman est le refuge des femmes menacées de mort à cause des crimes d’honneur

« Ici, les femmes peuvent s’asseoir, discuter, savourer un café, préparer un barbecue et même jardiner… » Le bâtiment de trois étages que fait visiter sa directrice Raghda Al Azzeh est un refuge pour femmes menacées de mort. Il dispose d’appartements, d’un salon de beauté, d’une salle avec des ordinateurs et des jeux pour enfants, d’appareils de musculation. L’accent est mis sur le confort. « C’est comme à la maison », s’amuse-t-elle.
Vingt femmes viennent de s’installer dans ce centre d’accueil et de réhabilitation en banlieue d’Amman. Toutes vivent sous la menace d’un homme de leur entourage. Souvent, leur famille s’est déchirée après un adultère ou un événement grave. Un mari, un père ou un frère cherche alors à se venger, prétendument pour restaurer l’honneur de la tribu. Jusqu’ici, ces vingt femmes étaient emprisonnées avec des détenues de droit commun. L’État jordanien n’avait pas imaginé d’autre solution pour assurer ainsi leur protection que l’incarcération en maison d’arrêt pour les séparer de ceux qui les menacent.

Amira (1) a passé quinze ans derrière les barreaux parce qu’on lui voulait du mal. « J’étais belle comme une poupée quand on m’a enfermée, je ressemble maintenant à une centenaire, se désole-t-elle. J’ai trop grincé des dents toutes les nuits. J’espère qu’un jour, je m’endormirai sans pleurer… »
« À nouveau des femmes fortes »
Elle évoque les disputes en cellules, l’interdiction de cuisiner en prison, l’absence de visites, la peur extrême une fois libérée de croiser un potentiel agresseur. Aujourd’hui, elle va mieux. Mais ne peut effacer « ce qui s’est passé avec sa famille » et garde, sur son corps, les traces d’une tentative d’assassinat.
Amira a renoué avec certains membres de son entourage. Cependant, elle craint toujours ses neveux et nièces. Constamment, elle vient chercher du réconfort auprès de Mizan, l’association qui, après négociation avec les services de l’État, a obtenu la libération de 43 femmes menacées de mort ces onze dernières années. Toutes sont saines et sauves. Mizan apportera d’ailleurs son expertise en travail social au centre d’accueil et de réhabilitation qui vient d’ouvrir.

« Nous allons aider ces femmes à développer des projets personnels parce qu’elles n’ont pas vocation à rester dans ce refuge, explique Eva Abu Hallaweh, la directrice de l’association. Certaines voudront rentrer auprès de leur famille. Il faudra alors faire un travail de médiation avec l’entourage. D’autres voudront se former à un métier pour refaire leur vie ailleurs. » Des psychologues, des psychiatres et des avocats interviendront pour soutenir les pensionnaires. « Nous leur donnerons les outils nécessaires pour qu’elles soient à nouveau des femmes fortes », résume Raghda Al Azzeh.
Sous haute protection
Ces vingt femmes vivent sous haute protection. La localisation du centre est tenue secrète. Sa porte est gardée par deux policiers et de hauts murs entourent le bâtiment. Une policière en civil se trouve à l’intérieur. Il a fallu trouver un juste équilibre entre sécurité et liberté pour ne pas incarcérer à nouveau les occupantes. Elles peuvent sortir dans le quartier après inspection préalable des lieux et à condition d’être accompagnées.

La Jordanie accorde désormais un grand soin à ces femmes en danger. Et se montre bien plus répressive à l’égard des meurtriers. Un criminel agissant sous la colère après un comportement répréhensible de sa victime – l’adultère, illégal, est puni d’emprisonnement – pouvait autrefois voir sa peine ramenée à quelques mois de prison et sortait souvent libre de son procès.
« Cela encourageait au meurtre », s’indigne l’avocate féministe Asma Khader. Amendé en novembre, le Code pénal prévoit désormais la peine de mort pour tous les meurtriers. « L’an dernier, nous avons comptabilisé six crimes commis sous prétexte d’honneur, constate Asma Khader. Certaines années, il y en avait quarante. Il est possible de mettre fin au phénomène. »

SourceAgences

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