Algérie: les étudiants rejoignent les protestations contre la candidature de Bouteflika

Moins de 24 heures après le sit-in des avocats devant le tribunal d’Alger, ce sont les étudiants qui ont occupé les campus ce mardi pour dénoncer la décision du président Bouteflika de se présenter pour un 5e mandat, à 81 ans.

Nouvelle journée de protestation en Algérie. Dans la capitale à Alger, à Skikda, Oran, Relizane, Béjaia, Blida, Tizi-Ouzou, Constantine et Tamanrasset, les étudiants ont protesté, scandant des slogans hostiles à Bouteflika et à son équipe dirigeante. La police a empêché les étudiants de sortir dans la rue, notamment à la fac centrale d’Alger. Les forces anti-émeutes ont encerclé la bâtisse et les issues ont été fermées. Les étudiants se sont alors approchés des grandes portes et ont organisé un sit-in pour être visibles de la rue.

À gorges déployées, ils ont crié leur colère contre le pouvoir qui veut maintenir « un homme malade » au poste de président. Une heure après, des étudiants venus d’autres universités de la capitale ont tenté de rejoindre la fac centrale pour « renforcer » les troupes de contestataires, mais ils ont été refoulés par les policiers, déployés tôt le matin à Alger.

Rejoints par les lycéens, les contestataires bruyants ont essayé d’occuper la rue Didouche-Mourad et les ruelles environnantes, mais ils étaient à chaque fois repoussés par des policiers, décidés à ne laisser personne manifester à Alger. À plusieurs reprises, les forces anti-émeutes, qui n’ont pas usé de gaz lacrymogènes ni de matraques, ont essayé de disperser les protestataires qui trouvaient, à chaque fois, le moyen de se regrouper en criant « Silmiya, silmiya » (pacifique, pacifique).

«Nous voulons que notre pays bouge !»

« Nous voulons un vrai changement politique dans le pays. Bouteflika a fait ce qu’il a pu pour le pays. Il est temps qu’il parte se reposer », lance Besma, étudiante en pharmacie. Nacéra, son amie, reprend : « Nous ne sommes pas contre le président de la République. Nous l’avons toujours respecté, mais nous voulons que notre pays bouge, avance ! Il s’agit de notre avenir. » Une femme en civil, un agent des RG (NDLR : renseignements généraux) intervient, à voix basse, demandant aux deux étudiantes de s’éloigner. Besma et Nacéra répliquent : « Bouteflika, nous ne voulons pas de toi ! » Elles avancent l’air joyeux, comme pour narguer l’agent de police.

« Il y a un climat de liberté qui souffle sur le pays. J’adore cela, nous avons été brimés pendant des années. Tout cela, c’est fini, fini, vous entendez ! » crie Nassim, étudiant en musique. « Les artistes doivent nous rejoindre ! » insiste-t-il. Nassim et son camarade Mourad promettent de composer une nouvelle chanson pour « raconter » l’Algérie « qui bouge ».

Au siège de la Radio publique, une centaine de journalistes se sont rassemblés, à la mi-journée, pour dire non à la censure. « Nous ne sommes ni pour, ni contre le 5e mandat. Nous voulons juste qu’on nous laisse faire notre travail de journalistes. Il faut ouvrir l’antenne à tous les points de vue, à toutes les sensibilités, à tous les partis. Nous ne voulons pas servir de relais au pouvoir. Nous devons assurer une mission de service public », assure Farid, reporter. Selon lui, la radio publique fait de « la propagande prorégime » depuis l’indépendance de l’Algérie. Les journalistes de tous les médias envisagent d’organiser un sit-in de protestations, ce jeudi à Alger, pour dénoncer les pressions exercées sur les chaînes de télé privées pour ne pas couvrir les manifestations hostiles au 5e mandat en Algérie.

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