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L’Arabie saoudite plaide pour rejoindre l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF)

Le prochain sommet de la francophonie des 11 et 12 octobre en Arménie promet d’âpres discussions. En cause, la candidature de l’Arabie saoudite au sein de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) en tant que membre observateur. Ce n’est pas la première fois que l’Arabie saoudite soumet une demande d’adhésion : lors du précédent sommet à Madagascar en 2016, la requête de la monarchie du Golfe avait déjà été rejetée.

Réunis à huis clos, les États membres, divisés sur la question, s’étaient rangés derrière l’avis du Conseil ministériel de la Francophonie (CMF), qui avait jugé le dossier « incomplet ». Après de belles passes d’armes entre les représentants francophones, il avait été décidé qu’une mission d’évaluation de l’OIF serait dépêchée en Arabie saoudite pour s’assurer du bon avancement du dossier. Un refus poli qui masque mal le malaise parmi les diplomates. Cet échec n’a toutefois pas entamé les motivations de la monarchie qui a renouvelé sa candidature.

Les « valeurs » saoudiennes en question

Pourquoi un tel blocage ? Étonnamment, la quasi non-francophonie de la monarchie pétrolifère n’est pas un problème. Selon les statuts de l’OIF, « que le français ne soit pas la langue officielle du pays requérant ne constitue pas un obstacle à son adhésion. C’est au regard de la place qu’occupe la langue française dans le pays concerné que sont examinées les demandes d’adhésion. » D’ailleurs, des pays aussi peu francophones que la Corée du Sud, le Mexique, la Thaïlande ou l’Estonie ont intégré l’organisation sans que personne n’y trouve à redire.

Pour devenir observateur, l’OIF demande aux postulants d’afficher « une volonté de favoriser le développement de l’usage du français, quel que soit son usage effectif au moment de la demande ». Les partenariats scellés entre Riyad et certaines universités françaises et ses efforts pour favoriser l’enseignement du français remplissent pleinement les conditions d’adhésion pour entrer dans la grande famille francophone.

Reste la question des « valeurs ». L’organisation demande en effet à ses candidats de « traduire un intérêt réel pour les valeurs défendues par la Francophonie ». C’est là que le bât blesse. Inégalités hommes-femmes, peine de mort par décapitation, le royaume de Salmane ben Abdelaziz al-Saoud figure sur la liste des pires pays en matière de droits de l’Homme.

Certes, dans son dossier de candidature, au chapitre « attention accordée à la condition de la femme », l’Arabie saoudite met en valeur « l’octroi aux femmes du droit de se présenter et de voter lors des élections municipales de 2011 ». Une perspective bien timide. Pas sûr que la secrétaire générale de l’OIF, Michaëlle Jean, féministe patentée, soit sensible devant de tels arguments. Élue à ce poste en 2014, la Canadienne s’efforce de réagir publiquement à chaque violation des droits de l’Homme commise dans la monarchie.

L’Arabie saoudite finance par ailleurs, en Afrique, un grand nombre d’écoles coraniques et d’universités islamiques soupçonnées de diffuser une idéologie wahhabite, elle-même nourrissant des groupes salafistes et jihadistes. Là encore, la candidature de Riyad fait désordre.

Le silence gêné de Paris

Mais le royaume peut compter sur le soutien du Maroc, le Sénégal, le Bénin et le Gabon qui œuvrent pour son intégration. Quant à la France, elle n’est pas franchement à l’aise. Interrogé sur la position de Paris, le président Macron a botté en touche. « Nous aurons à travailler avec le secrétariat général et les autres membres pour nous exprimer sur ce sujet. Je ne vais donc pas le préempter plusieurs semaines avant le sommet à Erevan », a déclaré le président lors de son déplacement au siège de l’ONU, le 25 septembre dernier. Quant à Leïla Slimani, conseillère du président sur la francophonie, pas beaucoup plus de commentaires. La demande d’entretien de France 24 est (pour l’heure) restée lettre morte. Il faut dire que la France ne souhaite pas mettre en péril les intérêts économiques qu’elle développe depuis de longues années avec l’Arabie saoudite. Le silence semble d’ailleurs être de mise pour tous les membres de l’organisation car les demandes d’interviews adressées aux membres de l’Assemblée parlementaire n’ont pas obtenu plus de succès.

La Qatar et les Émirats arabes unis y sont déjà

Faire partie de l’OIF représente un enjeu indubitable. Si l’Arabie saoudite cherche tant à en être, ce n’est pas seulement pour son amour de la langue de Molière. La monarchie du Golfe, tout comme les autres pays candidats, y voient là une manière d’intégrer une sphère d’influence et de toucher au plus près les intérêts de grandes puissances francophones.

D’autres pays du Golfe l’ont bien compris puisque le Qatar et les Émirats arabes unis font déjà partis du club des 84. En 2012, lors du Sommet de Kinshasa, le Qatar avait obtenu, à la surprise générale, le statut de « membre associé », sans passer par la case « observateur », comme le veut l’usage dans un premier temps. Mais dans les coulisses du sommet, le petit émirat avait su plaider sa cause et trouver les bons arguments pour convaincre plusieurs délégations du bien-fondé de sa demande. Les Émirats arabes unis ont également acquis de leur côté un statut d’observateur. L’Arabie saoudite pourra-t-elle à son tour faire partie de la grande famille francophone à l’issue du sommet à Erevan ? « Un pays qui fait son entrée dans l’OIF est toujours une bonne nouvelle, explique à France 24 Habib Meyer, député Les Constructifs, des Français de l’étranger, d’autant que le pays poursuit ses efforts en matière de droit de l’Homme ». Les États membres en jugeront les 11 et 12 octobre prochains.

 

 

SourceAgences

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