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L’argent fuit l’Arabie saoudite à toute vitesse

Les liquidités sortent d’Arabie saoudite à un rythme exponentiel en raison des difficultés rencontrées par l’économie du pays, selon un récent rapport

Un torrent d’argent a fui l’Arabie saoudite à cause des difficultés rencontrées par son économie.

Il s’agit là d’une mauvaise nouvelle pour un pays qui essaie désespérément de se défaire de sa dépendance vis-à-vis du secteur de l’énergie et de refaçonner son économie en prévision d’un monde post-pétrolier.

De nouvelles recherches montrent que le royaume a vu sortir des dizaines de milliards de dollars de capitaux chaque année entre 2012 et l’année dernière. L’année qui suit sera du même acabit, indique le rapport rédigé par l’Institut de la finance internationale (IIF), un think tank basé à Washington.

« Les flux de capitaux propres ont connu un rythme nettement négatif au cours de l’année dernière […] avec peu de signes d’amélioration des données au troisième trimestre 2017 », indique le rapport.

Les capitaux désignent les liquidités et autres actifs économiques. Dans cette étude, les analystes de l’IIF ont retiré les emprunts à l’étranger effectués par le royaume. Il en résulte ce qu’on appelle le « flux de capitaux propres ».

« Avant ces dernières années, l’Arabie saoudite n’empruntait pas à l’étranger ; nous voulions donc retirer cette donnée pour voir s’il y avait des entrées ou des sorties », explique Greg Basile, analyste à l’IIF.

Ils ont alors constaté une sortie considérable et constante de capitaux.

Selon les estimations du rapport, 64 milliards de dollars de capitaux propres sont sortis d’Arabie saoudite en 2017 sur la base des données du troisième trimestre, un chiffre en augmentation par rapport aux 55 milliards de dollars enregistrés au cours de l’année précédente. Cette année, les sorties devrait se poursuivre avec une projection de 26 milliards de dollars.

Pourquoi cet exode ?

Les saisies financières contre les princes et autres membres de la famille royale ont-elles été prises en compte dans le rapport de l’IIF ? Probablement pas.

 « Il y a fort à parier que nous ne verrons pas l’effet des sorties de capitaux issues de ces événements avant cette année », explique Marcus Chenevix, spécialiste du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord au sein de la société financière TS Lombard, basée à Londres.

La raison est simple. Les princes ont été arrêtés et n’étaient donc pas libres de prendre des dispositions pour sortir des actifs du royaume, précise Chenevix.

« Y a-t-il eu des capitaux qui ont quitté immédiatement le pays ? Probablement pas », a-t-il ajouté.

Maintenant que l’épisode du Ritz semble clos, il est probable que la fuite de capitaux s’intensifie dans la mesure où toutes les personnes impliquées sont libres d’agir en ce sens.

« Il est important de noter que les autres personnes qui n’ont pas été prises dans les filets des arrestations seront davantage motivées à l’idée d’avoir des actifs hors d’Arabie saoudite », explique-t-il. En d’autres termes, un cycle majeur de fuite de capitaux pourrait s’opérer, au cours duquel les habitants riches transféreraient des actifs en dehors du royaume.

Mais la raison la plus importante de la sortie des capitaux est peut-être la morosité de l’économie intérieure en Arabie saoudite.

Malgré les efforts récemment engagés dans le but de se défaire de sa dépendance vis-à-vis des exportations pétrolières, le pays demeure fortement tributaire des variations du marché international de l’énergie.

Les produits énergétiques connexes représentent toujours 87 % du budget du gouvernement et les neuf dixièmes des exportations, selon le World Factbook de la CIA.

Ainsi, lorsque le marché du pétrole a coulé, l’économie saoudienne a souffert. Selon les données collectées par TradingEconomics.com, la croissance du pays est passée d’un taux annualisé de plus de 10 % en 2011 à une baisse effective l’année dernière. Cette tendance a été causée par la chute des prix du pétrole qui, jusqu’à la mi-2014, s’échangeait à plus de 100 dollars le baril, pour chuter à 26 dollars en février 2016.

La baisse des prix du pétrole a été accompagnée d’une réduction des dépenses publiques, alimentées en grande partie par les recettes pétrolières. Les dépenses publiques ont atteint un sommet en 2014 avant d’être réduites en 2015, puis encore davantage en 2016. Ces coupes budgétaires ont nui à la croissance du PIB.

« Quand ces dépenses ont cessé en 2014, de nombreux fonds d’investissement et de nombreuses banques ont été pris au dépourvu », a affirmé Chenevix. Désormais, ces investisseurs veulent diversifier leurs avoirs à travers un éventail plus large d’actifs, a-t-il expliqué. Autrement dit, ils souhaitent des investissements qui ne sont pas tous liés au pétrole.

Besoin de capitaux

Le fait que la fuite des capitaux d’Arabie saoudite soit due en partie à la dépendance du royaume vis-à-vis des recettes pétrolières constitue un triste paradoxe. Le prince héritier Mohammed ben Salmane a l’intention de moderniser le pays et de diversifier l’économie en l’éloignant du pétrole.

Cependant, pour développer le secteur non pétrolier, il aura besoin de capitaux étrangers. En d’autres termes, les personnes ou les entreprises qui ont de l’argent devront prendre des risques en investissant leurs capitaux en Arabie saoudite. Sans ces capitaux, il sera impossible pour le pays de diversifier son économie et de la défaire de sa dépendance vis-à-vis du pétrole et de l’énergie.

L’une des chevilles ouvrières de la stratégie de diversification de l’Arabie saoudite est la vente d’une participation dans la compagnie pétrolière publique Aramco. Cette vente a maintenant été retardée à plus tard cette année ou à début 2019.

« La privatisation est une composante importante de l’effort de modernisation du royaume et non une tentative désespérée de levée de fonds », selon un rapport récemment publié par la société de conseil en risques politiques Eurasia Group. Cela signifie que les « conditions du marché » sont l’élément clé à prendre en compte quant au timing de la vente.

Plus précisément, un marché pétrolier fort constitue la première composante. Si le prix du pétrole brut recommence à baisser, cela ne serait pas de bon augure pour la privatisation d’Aramco. En plus de cela, la demande des investisseurs pour les actions de l’entreprise est également vitale.

Ces deux éléments, à savoir une forte demande pour les actions Aramco et un marché de l’énergie robuste, doivent être réunis afin d’assurer les meilleurs résultats pour la vente.

Si Mohammed ben Salmane et ses conseillers sont en mesure de réussir la vente d’une participation dans Aramco, cela encouragera probablement d’autres investisseurs à voir les plans de modernisation de l’économie comme plus qu’un simple vœu pieux.

« L’objectif [à plus grande échelle] est de continuer de rallier le soutien en faveur du programme de changements avancé par le prince héritier, ainsi que l’intérêt des investisseurs étrangers pour les efforts de diversification du royaume », a indiqué le rapport d’Eurasia Group.

Tant que ce succès n’aura pas eu lieu, il est probable que les investisseurs potentiels en Arabie saoudite demeurent sceptiques et que les capitaux continuent de fuir.

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