Les Algériens répondent massivement à Gaïd Salah en réitérant leur demande d’un « État civil »

Courrier arabe

Au milieu d’un dispositif policier impressionnant, les Algériens ont relevé le défi en sortant par milliers dans la capitale et dans le reste du pays, poursuivant ainsi leur mouvement populaire déclenché le 22 février dernier réclamant un « État civil », le départ de tous les symboles du système et un changement radical.

Dès le matin, près de 10 manifestants ont été arrêtés sans aucune raison apparente. Saïd Salhi, le chef adjoint de l’Association Algérienne des Droits de l’Homme a indiqué que le déploiement intensif des policiers anti-émeute représente « une volonté manifeste d’empêcher la tenue des marches pacifiques dans la capitale Alger », évoquant les policiers  en tenue civile déployés partout ainsi que la fouille et l’interpellation des passants.

De l’huile de moteur a été versé sur les bords des escaliers menant au métro ainsi que sur les lampadaires, afin d’empêcher les manifestants d’y monter ou d’y accrocher des drapeaux que les policiers arrivent difficilement à enlever.

La marche hebdomadaire du vendredi intervient au terme d’une semaine riche en événements au premier rang desquels un discours virulent du chef d’état-major de l’armée, Ahmed Gaïd Salah, dans lequel il a adressé de vives mises en garde à l’encontre de ceux qui refusent « le processus constitutionnel » et la tenue de l’élection présidentielle qu’il considère comme « la véritable clef vers la construction d’un État puissant ».

Dans son discours, il a considéré le slogan phare des manifestants scandé depuis plusieurs semaines « État civil et non militaire » comme l’un des slogans « mensongers, aux intentions et objectifs connus ».

Pour Gaïd Salah, de tels slogans sont : « des idées empoisonnées dictées par des cercles hostiles à l’Algérie et à ses institutions constitutionnelles ».

Il a adressé en outre de sérieuses mises en garde aux « supplétifs » et aux « inféodés de la bande » qui œuvrent pour remettre en question toute action menée par l’institution militaire et son commandement.

Évoquant les manifestants en détention provisoire pour avoir brandi le drapeau amazigh, il leur a dénié le statut de « détenus d’opinion ». Les Algériens lui ont répondu à ce sujet aujourd’hui en criant : « Atelgou Wladna Ya el-Hagarine! » (Libérez nos enfants bande d’injustes!).

Rappelons que plus de 30 personnes ont été arrêtées à la suite de directives du chef d’état-major interdisant tout drapeau autre que l’emblème national dans les manifestations du Hirak.

La semaine a été aussi marquée par l’élection pour la première fois d’un président de l’Assemblée nationale de l’opposition, Slimane Chenine, président du groupe parlementaire composé de trois partis islamistes « alliance Nahda-Adala-Bina ».

Chenine connu pour ses positions proches du Hirak est venu en remplacement de Muad Bouchareb ayant présenté sa démission le 2 juillet dernier suite à de fortes pressions exercées par des députés de son propre parti « Front de Libération Nationale » (FLN).

Les Algériens sont donc toujours au rendez-vous malgré la chaleur estivale et la période des congés. Un des slogans des plus scandés démontre leur détermination en ce 21ème vendredi de mobilisation : « Ya Hna Ya Ntouma, Maranach Habssin! » (C’est soit nous ou vous, nous ne nous arrêterons pas!).

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