«Les causes du printemps arabe sont toujours présentes», affirme l’émir du Qatar au journal le Point

Courrier arabe

L’émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, a affirmé mercredi que «les causes derrière les protestations du printemps arabe sont toujours présentes, et se sont aggravées», appelant à des réformes progressives pour éviter de futures troubles.

L’émir du Qatar avait tenu une grande interview avec l’hebdomadaire français, le Point, répondant à plusieurs questions liées à la situation régionale et mondiale actuelle.

Un autre printemps arabe est-il aux portes ?

Une question a été posée au cheikh Tamim, au sujet de la possibilité de revivre un nouveau printemps arabe, à l’image de celui de 2011, lorsque les protestations populaires dans les pays arabes ont déchu les régimes au pouvoir.

«Malheureusement, les racines profondes ayant causé le printemps arabe sont toujours présentes, comme la pauvreté, le chômage, et le problème des jeunes diplômés sans emploi», avait-il répondu.

Il a signalé : «Avons-nous trouvé des solutions à ces problèmes ? Non, ils se sont aggravés, et si on ne trouve pas de solutions, les évènements que ces problèmes ont causés en premier lieu se reproduiront».

Selon l’émir, «le moyen idéal pour éviter de futurs troubles sera d’appliquer progressivement des réformes».

«Nous devons donner de véritables espoirs à nos peuples, pas uniquement des promesses. Et nous devons assurer des postes de travail, offrir des opportunités, et permettre aux jeunes d’exprimer leurs opinions et leurs différences», avait-il précisé.

«Le Qatar n’a aucun lien avec les Frères musulmans»

Une autre question a été posée au cheikh Tamim, au sujet des critiques portées au Qatar pour ses liens avec les Frères musulmans.

Il a répondu : «Cette relation est inexistante, et aucun membre actif des Frères musulmans ou de quelconque autre groupe ne se trouve sur les terres qataries».

«Nous sommes un pays ouvert et nous sommes visités par plusieurs personnes et porteurs de différentes opinions, mais nous sommes un Etat et pas un parti, et nous traitons avec les Etat et les gouvernements légitimes, non pas avec les organisations politiques», avait-il expliqué.

La normalisation avec Israël

Une autre question a été posée au cheikh Tamim au sujet de la normalisation qu’avaient signée certains pays arabes avec Israël, demandant ce qu’il en pensait.

Il répondit : «Tout pays a le droit de nouer des liens avec quelconque autre pays… Mais qu’est-ce que la normalisation avec Israël ? Je parle sérieusement, la situation est normal en Israël ? Non, des terres arabes sont toujours occupées, des réfugiés n’arrivent pas à retourner chez eux depuis plus de 70 ans, des musulmans et des chrétiens vivent sous le blocus à Gaza».

Il a ajouté : «Lorsque les accords d’Oslo ont été signés en 1993, nous pensions tous que la paix finira par s’installer et nous avions lancé des relations officielles avec Israël, et nous avions même ouvert un bureau commercial israélien ici à Doha, mais les guerres ne se sont pas arrêtées à la bande de Gaza».

Il estima, «Nous devons parvenir à un accord pacifique, pour le peuple palestinien, afin de lui offrir de l’espoir et de lui rendre ses terres».

Il a cependant souligné : «Nous parlons avec les Israéliens, et nous offrons des aides aux habitants de Gaza et de Cisjordanie. Je crois en la résolution des deux Etats, car Palestiniens et Israéliens doivent vivre côtes à côtes, mais malheureusement nous sommes loin de cet option».

L’émir du Qatar a aussi parlé de la Coupe du monde, attendue dans son pays à compter du 20 novembre. Il a souligné que «l’évènement était très important, spécialement pour le monde arabe».

«Le Qatar ouvre ses portes aux supporters quel qu’en soit leurs origines et leurs cultures», avait-il fait savoir, tout en promettant d’offrir une expérience inédite aux visiteurs.

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