Sommet de l’OTAN: Macron place la lutte contre Daech comme priorité

Le chef de l’Etat s’est montré intransigeant lors du sommet de l’Otan, à Londres, sur la question de la Syrie comme sur celle de la taxation des géants du numérique.

Arrondir les angles tout en jouant la mouche du coche. C’est la technique que semble avoir adoptée Emmanuel Macron dans la réunion au sommet des pays de l’Otan ce mardi et mercredi à Londres (Royaume-Uni). Le dîner avec la reine à Buckingham aura-t-il aplani les désaccords? En tout cas le président français tient bon sur ses déclarations concernant la nature même de cette alliance intergouvernementale entre 29 pays occidentaux.

Il y a quelques jours le président français avait décrit une organisation en « état de mort cérébrale ». Déclarations « très insultantes », a estimé en ouverture de la réunion Donald Trump, « très très méchantes à l’égard de 28 pays ».

Macron n’a pas répété ces mots exacts lors de sa conférence avec le président américain, mais il ne les a pas non plus retirés. « Je sais que ma déclaration a provoqué des réactions, mais je la maintiens, a souligné le chef de l’Etat avec ce qui ressemblait à un demi-sourire, face à une moue apparente du président américain. On ne peut pas mettre de l’argent et la vie de soldats en jeu sans être clairs sur ce que l’Otan doit faire. » Macron n’a pas apprécié, en effet, l’offensive lancée par la Turquie dans le nord-est de la Syrie sans concertation avec les alliés, mais avec le soutien de Trump.

Développer une défense européenne

Cravate noire dans son fauteuil jaune, le président français cherche cependant à trouver un terrain d’entente : « l’ennemi commun aujourd’hui c’est le terrorisme ». Avant de nuancer : « je suis désolé de dire que nous n’avons pas la même définition du terrorisme ». Autrement dit, pas question d’accepter celle d’Ankara, qui a frappé une milice kurde au rôle clé dans la lutte contre Daech.

Devant les caméras réunies à Downing street, résidence du Premier ministre britannique, le chef de l’Etat français appelle de ses vœux « une Otan plus sûre de ses choix ». La condition pour lui ? Le développement d’une défense européenne qui permette une autonomie stratégique, en clair un rééquilibrage de l’alliance aujourd’hui largement dominée par Washington.

L’apaisement à défaut d’une solution

Sur la taxation des Gafa (Google, Apple, Amazon Facebook), là aussi Macron tient ferme sur la position française. Mais là, l’apaisement semble de rigueur, à défaut de solution. Paris a adopté en juillet dernier une loi permettant d’alourdir la fiscalité sur les géants d’Internet. Insupportable pour Washington qui y voit un « fardeau anormal sur les entreprises américaines » et envisage d’imposer des droits de douane jusqu’à 100 % sur les fromages, champagnes et sacs à main français.

Face à la presse, Trump se montre plus modéré, parle d’une discussion qui se poursuit et va jusqu’à plaisanter : « Ces entreprises ne sont pas mes personnes préférées, elles ne sont pas en ma faveur. » Mais, ajoute-t-il, « ce sont des entreprises américaines », d’où la menace de tarifs douaniers. « On ne préférerait pas. Ou alors la discussion va marcher, ou alors on peut essayer de travailler sur une taxe mutuelle qui bénéficie à tout le monde. »

« Je suis confiant dans le fait qu’on va trouver une solution ensemble », renchérit Macron. Laissant tout de même le pistolet sur la table : « Ce ne serait pas la France qui serait sanctionnée ou attaquée, mais l’Europe. C’est la commission qui aurait à réagir s’il y a une escalade. » Comprenez : la riposte pourrait être bien plus explosive que ne l’imagine Washington. Même si le président américain a insisté ce mardi sur la proximité de vues entre Macron et lui : « En général, nous deux, on règle les choses, on fait beaucoup de choses bien ensemble. »

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