Un Aïd triste au Soudan: les militaires tuent les contestants, coupent Internet et isolent le pays

Courrier arabe

Le premier jour de l’Aid Al-Fitr au Soudan, triste et amère, après les tragiques violences d’hier, et alors que les contestants s’apprêtaient à célébrer la prière du jour sacré, le réseau Internet a été complètement coupé dans tout le pays, un plan appliqué par les militaires pour isoler le pays et étouffer la vérité, là où des informations internes parlent de nouvelles violences contre les civils.

Les militaires exposent leurs cartes

Le président du Conseil militaire transitionnel soudanais Abdel Fatah Al-Borhan a déclaré que le Conseil a décidé de former un gouvernement de gestion des affaires et d’annuler les accords conclus avec les Forces de la Liberté et du Changement (FLC).

Aujourd’hui, dès l’aube, le président s’est adressé au peuple, lors d’une déclaration télévisée diffusée sur la chaîne nationale soudanaise, pour la première fois après les violences du quartier général de l’armée à Khartoum, où 35 personnes ont trouvé la mort, annonçant que le Conseil a décidé d’organiser des élections durant les neuf mois à venir sous supervision internationale et affirmant la suspension définitive des négociations avec le FLC.

Al-Borhan avait accusé le mouvement de tenter d’exclure les forces politiques et militaires afin de s’emparer du pouvoir pour «reconstituer un autre système dictateur où la volonté du peuple et de l’opinion publique sont négligées».

Il souligna que le gouvernement de gestion des affaires en voie de formation sera chargé d’organiser les élections, de juger tous les symboles de l’ancien régime, et de préserver la paix et la stabilité dans le pays.

Affirmant que le Conseil livrera le pouvoir à celui qui sera élu par le peuple, il explique que les militaires n’envisagent pas de gouverner, et qu’ils n’entraveront pas le parcours démocratique du pays.

La révolution résiste 

En réponse au discours du président, l’Association des professionnels soudanais (APS) a déclaré que le discours des militaires «rallume la flamme de la révolution», ajoutant que «l’ancien régime –en phase de renaissance- tente de planer le scénario d’une scène de théâtre mensongère», expliquant que le plan des élections n’est qu’une poudre aux yeux.

L’APS affirma que la grève politique et la désobéissance civile se maintiendront jusqu’à obtention d’un gouvernement civil en tête du pays.

Notant qu’hier, Khartoum a été la scène de graves violences, où les forces de l’ordre tentaient de disperser de force les contestants, en sit-in depuis plus de deux mois devant le quartier générale de l’armée, faisant plus de 35 morts, des centaines de blessés, et une population meurtrie.

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