Covid-19 : la Tunisie se reconfine pour la fin du Ramadan

La Tunisie traverse « la pire crise sanitaire de son histoire ». C’est en ces termes que le Premier ministre tunisien, Hichem Mechichi, a annoncé, vendredi 7 mai, un confinement total du 9 au 16 mai pour les fêtes de l’Aïd al-Fitr, qui marquent la fin du mois sacré de jeûne du ramadan. Le chef du gouvernement a prévenu que toute nouvelle augmentation des cas de Covid-19 pourrait submerger les établissements de santé.

À partir de dimanche, « les Tunisiens sont encouragés à ne quitter leur domicile que pour ce qui est strictement nécessaire », a déclaré la porte-parole du gouvernement, Hasna Ben Slimane, ajoutant que les déplacements seront interdits entre les régions et un couvre-feu de 19 h à 5 h sera imposé.

Annonce qui a provoqué une cohue dans les gares et les stations de bus de Tunis, selon un journaliste de France 24 sur place, les habitants de la capitale se précipitant pour rentrer dans leur famille pour l’ l’Aïd al-Fitr, une des fêtes religieuses les plus importantes du pays.

Seuls resteront ouverts les magasins alimentaires de première nécessité pendant la même période. « Les mosquées, les marchés et les entreprises non essentielles seront fermés sous les nouvelles restrictions », a déclaré le Premier ministre aux journalistes.

Les écoles sont closes depuis mi-avril, et seules les classes ayant des examens avaient repris le travail cette semaine, mais elles resteront fermées toute la semaine.

Fin avril, les autorités avaient déjà essayé d’endiguer l’afflux de la diaspora des Tunisiens de l’étranger qui rentrent traditionnellement pour les fêtes de fin du ramadan, en soumettant une quarantaine aux voyageurs dans des hôtels imposés par le ministère de la Santé. Des mesures insuffisantes.

Déjà sous couvre-feu depuis le mois de septembre, c’est la première fois depuis le confinement de mars 2020 que le pays prend des mesures sanitaires aussi drastiques, mis à part un confinement de quelques jours à la mi-janvier qui avait déclenché des heurts dans la capitale et dans quelques grandes villes du pays.

Les hôpitaux saturés

Une décision que le chef du gouvernement justifie par l’urgence sanitaire. « Les établissements de santé risquent de s’effondrer », a déclaré Hichem Mechichi, ajoutant que les médecins étaient surmenés, avec environ 100 décès dus au Covid-19 par jour.

Plus de 500 personnes sont actuellement en soins intensifs, un nombre sans précédent qui a obligé des médecins à mettre en place des hôpitaux de campagne.

Le pays d’Afrique du Nord a également du mal à répondre à la demande d’oxygène et des responsables des services de santé ont mis en garde ces derniers jours contre un risque de pénurie.

La Tunisie, qui avait adopté en mars 2020 des mesures strictes et précoces et n’avait enregistré que 50 morts jusqu’à l’été 2020, est maintenant submergée par une troisième vague de Covid-19 particulièrement virulente.

Le pays déplore plus de 300 000 cas de coronavirus et plus de 11 200 décès, sur une population de douze millions d’habitants.

Des chiffres alarmants qui le rangent au sein des pires scores mondiaux de décès dus au coronavirus, rapportés à la population.

« Pas les moyens » d’un confinement plus long

Après un recul historique du PIB à -8,9 % en 2020, Hichem Mechichi avait plusieurs fois estimé ces dernières semaines, que le pays n’avait « pas les moyens » de répéter les restrictions mises en place en mars 2020 au début de la pandémie.

Après des années de morosité économique, la pandémie de Covid-19 a mis le petit pays d’Afrique du Nord à genoux : sa dette extérieure a atteint la barre symbolique des 100 milliards de dinars (environ 30 milliards d’euros), soit 100 % du produit intérieur brut.

Lourdement endetté, il s’est tourné vers le Fonds monétaire international (FMI) pour la quatrième fois en une décennie.

Le FMI a déclaré, jeudi, se tenir « prêt » à venir en aide à la Tunisie, selon Gerry Rice, le porte-parole de l’institution, alors que des réunions ont eu lieu cette semaine à Washington avec les autorités tunisiennes en vue de l’obtention d’un programme d’aide.

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