Libye : «L’application du cessez-le-feu trébuche avec la présence des mercenaires de Wagner», affirment les spécialistes

Courrier arabe

En Libye, l’application de l’accord du cessez-le-feu, signé à Genève, vendredi dernier, semble toujours faire polémique auprès des chefs militaires des deux parties libyennes, au moment où les observateurs estiment que «la clause la plus difficile à appliquer sera celle qui impose le retrait des mercenaires étrangers du pays, notamment ceux du groupe russe Wagner».

Alors que le porte-parole des forces du GNA, Mohamed Qononou, a demandé aux Nations unies «d’envoyer des observateurs internationaux pour repérer les mercenaires étrangers combattants dans les rangs de Khalifa Haftar, à Syrte et à al-Jofrah», le porte-parole des milices de ce dernier, Ahmad al-Mismari, a demandé «des garanties loyales et concrètes assurant que l’application de l’accord sera respectée».

Qononou attaque les mercenaires de Wagner

Mohamed Qononou s’est focalisé sur le dossier des mercenaires, notant lors d’une série de tweets qu’il avaient publié sur son compte : «Nous ne faisons pas confiance, et ne pensons pas que les milices de Haftar sont capables de faire sortir plus de 5 mille mercenaires de Wagner, et autant de leurs semblables venus de Syrie, du Soudan et du Tchad».

Il ajouta : «Syrte et al-Jofrah sont des centres où sont regroupés les mercenaires étrangers et les groupes criminels locaux, accusés de commettre des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité», en demandant «l’intervention d’observateurs internationaux pour suivre de près les évolutions des retraits des combattants étrangers».

Al-Mismari demande des garanties

De son côté, al-Mismari indiqua lors de déclarations télévisées, diffusées samedi soir, que «Haftar s’engageait à respecter l’accord du cessez-le-feu», tout en insistant à noter que «l’accord avait besoin de garanties loyales et concrètes pour assurer que son application sera respectée et imposée de force aux milices terroristes», en parlant des forces du GNA, reconnues internationalement.

Al-Mismari appela également «à repousser les déclarations du président turc, lors desquelles ce dernier nota que l’accord ressemblait à ses précédents et se demanda si les mercenaires de Wagner allaient vraiment quitter la Libye».

Les 5+5 se mettent au travail

Par ailleurs, des informations recueillies auprès de sources au gouvernement de Tripoli et au parlement de Tobrouk ont indiqué que «les comités militaires conjoints prévoyaient la formation d’une commission militaire, composée de deux chambre ; une première, militaire, pour superviser la localisation des positions militaires, à l’extérieur de la ville de Syrte, et vers lesquelles les forces des deux parties devraient se retirer, et une deuxième, sécuritaire, composée d’officiers de police, et chargée de former des brigades de police conjointes qui seront déployées dans la ville de Syrte».

Les mercenaires étrangers en Libye

Dans ce contexte, des sources ont expliqué au journal al-Araby al-Jadeed que «la situation dans la région d’al-Jofrah était délicate et qu’elle n’avait pas changé contrairement à Syrte, qui se dirige vers la démilitarisation», précisant que «la présence des mercenaires étrangers et des équipements militaires, à l’intérieur de la base de la ville, était la principale raison».

De leur part, les spécialistes militaires indiquent que «les positions occupées par Wagner reflètent les enjeux convoités par la Russie au pays».

«Les mercenaires africains sont réparties en petits groupes dans plusieurs régions du pays, et leur présence en Libye est principalement liée à des questions d’argent, loin de tout agenda politique», expliquent-ils, en notant : «Contrairement à eux, les mercenaires de Wagner, sont poussés par l’agenda politique de la Russie, bien que cette dernière nie constamment avoir envoyé des forces armées en Libye».

Les spécialistes militaires ont rappelé que, jeudi dernier, l’opération Burkan al-Ghadab (Volcan de la colère), alliée au GNA, avait publié des informations, affirmant que «la Russie envoyait toujours des vols, chargés de mercenaires et d’équipement militaires, depuis la Syrie vers la Libye», et précisant que «le matériel militaire envoyé comprenait des systèmes de défense et des radars».

«Ceci donne l’impression que Wagner cherche à protéger ses positions, et démontre qu’elle prévoit de rester en Libye», avaient-ils souligné, en se demandant «comment peut-on convaincre un pays, qui n’a même pas reconnu sa présence militaire en Libye, de retirer ses troupes», et en affirmant que «l’application de cette clause ne sera pas une tâche facile pour les parties libyennes».

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