Libye : Les milices de Khalifa Haftar encerclent Bouhadi et suspendent la vie des habitants

Courrier arabe

En Libye, les habitants de la région de Bouhadi (région administrative de Syrte), encerclées depuis 3 jours par les milices du général à la retraite, Khalifa Haftar, souffrent de situations humanitaires difficiles, après que les milices ont suspendu toutes les activités et ont interdit l’entrée des vivres.

Des témoins sur place ont fait savoir au journal al-Araby al-Jadeed, vendredi 26 août, que «les milices encerclaient la région pour le 3ème jour de suit, affirmant que la population souffre de cette situation».

Abdel Mounaem a raconté : «Les milices interdisent aux citoyens de sortir ou d’entrer dans la région. Les commerces ont été fermé et les approvisionnements alimentaires n’arrivent plus».

D’autres ont signalé que «la tribu des Kadhadfa (celle de Mouammar Kadhafi) se préparait à fêter l’anniversaire de l’arrivée au pouvoir de l’ancien guide Mouammar (le 1er septembre) mais les milices leur interdisent l’organisation de quelconque évènement».

Les coulisses de l’affaire

Selon les témoins, une voiture inconnue (n’étant pas de Bouhadi) a ouvert le feu mercredi soir sur un check-point des milices de Haftar, alors les Brigades de Tarik ben Ziyad sont intervenus immédiatement pour encercler toute la région».

«On a interdit aux habitants de quitter la région, et tous les services ont été fermés ; les banques, les institutions, les boulangeries et les épiceries», avaient raconté les témoins.

Les milices ont pris d’assaut plusieurs maisons, et nombreuses personnes ont été interpellées.

Des témoins ont indiqué que «les milices, avant d’encercler la région, avaient demandé aux habitants de leur livrer des personnes recherchées, mais les habitants avaient affirmé que ces personnes n’étaient pas avec eux».

Les témoins ont fait part de leur colère, indiquant que «les études de leurs enfants ont été impactées, soulignant qu’ils sont en période d’examen».

Dénonciations humanitaires, locales et internationales 

L’organisation humanitaire, Rassd, a souligné que «les habitants à Bouhadi étaient privés de leur droit au déplacement, ainsi que des services et des commerces».

Elle a aussi affirmé que «des maisons ont été attaquées et qu’Internet a été coupé», demandant à la direction de Haftar de «lever les restrictions imposées à la liberté de déplacement et de relancer les services de communication».

De sa part, le chef du gouvernement à tripoli, Abelhamid Dbeibah, a indiqué que «l’injustice et la tyrannie, dont les habitants de Bouhadi sont victimes, doivent prendre fin», tout en déplorant le silence des responsables.

Aussi, la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), a indiqué lors d’un communiqué, qu’elle suivaient les rapports concernant les restrictions imposées à la liberté de déplacement des civils, dans le cadre de l’opération sécuritaire menée à Bouhadi».

La MANUL a précisé que «les rapports étaient inquiétants et notaient que des civils étaient privés d’aller aux hôpitaux, et aux écoles et vers d’autres centres principaux».

Il est à signaler que Bouhadi se trouve à 30 km de la ville de Syrte, la ville où le gouvernement parallèle dirigé par Fathi Bachagha s’est installé. Les habitants de la région sont des fervents partisans de Seif el-Islam Kadhafi.

L’été 2020, ils ont décidé de retirer leurs troupes des milices de Haftar, et avaient menacé  ce dernier d’affrontements armés. Dès lors, les observateurs expliquent que «l’opération militaire démontre que la région est stratégiquement importante pour Haftar, qui a fait de son maintien sous contrôle une priorité absolue».

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