Tunisie: Rached Ghannouchi maintenu en liberté

La justice tunisienne a décidé, mardi, de maintenir Rached Ghannouchi, président du mouvement Ennahdha, en liberté après l’avoir auditionné dans le cadre d’une affaire de « blanchiment d’argent », a indiqué un membre du Comité de défense.

L’avocat Mourad Laabidi a déclaré à l’Agence Anadolu que « Le juge d’instruction du pôle judiciaire antiterroriste a décidé de maintenir Ghannouchi en liberté dans le cadre de l’affaire relative à l’organisation caritative « Namaa Tunisie » tout en lui assignant une interdiction de quitter le territoire national ».

Laabidi a ajouté que « le ministère public avait réclamé la mise en détention de Ghannouchi mais le juge d’instruction n’a pas validé cette démarche », indiquant que « les avocats ont rétorqué au ministère public que les procédures sont frappées de nullité ».

Aucun commentaire officiel n’a été émis pour l’heure.

Ghannouchi, 81 ans, est interrogé dans le cadre de l’affaire intitulée « Namaa Tunisie » et est soupçonné de « blanchiment d’argent », une accusation qu’il dément catégoriquement, estimant qu’elle est politisée.

Des dizaines de sympathisants du mouvement d’obédience islamique « Ennahdha » et certains de ses dirigeants se sont rassemblés devant le siège du pôle antiterroriste pour exprimer leur solidarité avec Ghannouchi et ont brandi des pancartes pour dénoncer son interrogatoire.

Le 6 juillet courant, la Commission des Analyses financières relevant de la Banque centrale de Tunisie a annoncé le gel des comptes bancaires et des avoirs de Ghannouchi et de neuf autres personnes.

La décision a été rendue à la suite d’une requête formulée par le premier juge d’instruction du pôle judiciaire antiterroriste près le Tribunal de première instance de Tunis.

Dans une déclaration faite aux médias devant le siège du pôle spécialisé, Ghannouchi a estimé faire face à des « accusations fallacieuses sur fond de validation d’un projet de Constitution qui assoit le coup d’Etat et l’autorité despotique ».

« Je suis présent ici pour comparaître devant la justice tunisienne, en signe de respect pour la justice et de soutien à l’existence d’un pouvoir judiciaire indépendant », a affirmé Ghannouchi.

L’interrogatoire du président du parti Ennahdha intervient quelques jours avant le référendum constitutionnel du 25 juillet 2022, proposé par le président de la République, Kaïs Saïed.

La Tunisie souffre, depuis le 25 juillet dernier, d’une crise politique aiguë, lorsque le président Saïed avait imposé des « mesures d’exception », en limogeant le Chef du gouvernement, en suspendant les activités du Parlement avant de le dissoudre le 30 mars 2022, et en légiférant par voie de décrets.

Plusieurs forces politiques et civiles tunisiennes rejettent ces mesures qu’elles considèrent comme étant un « coup d’Etat contre la Constitution », alors que d’autres forces les qualifient de « restauration du processus de la révolution de 2011 », qui avait fait chuter l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011).

Saïed, qui avait entamé un mandat présidentiel de cinq ans en 2019, estime que ses mesures ont été prises dans le cadre de la Constitution pour protéger l’Etat d’un « péril imminent ».

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