La présidence égyptienne appelle à un dialogue politique élargi

Le président égyptien Abdelfattah al-Sisi a appelé les partis politiques du pays à un dialogue élargi, ce qui est une première depuis son arrivée au pouvoir en 2014.

Un expert égyptien a déclaré à l’Agence Anadolu que le dialogue politique comprendra la participation des mouvances civiles et salafistes et de partisans du régime et ne comprendra aucun membre du groupe des Frères musulmans, proscrit par les autorités égyptiennes depuis 2013.

L’appel de la présidence égyptienne intervient quelques heures après la décision d’un tribunal égyptien de maintenir les Frères musulmans sur la liste des organisations terroristes du pays pour une nouvelle période de cinq ans.

Il intervient également peu de temps après qu’al-Sisi a fait réactiver le Comité présidentiel des grâces, un comité qui avait été créé en 2016.

Une invitation exceptionnelle

Mardi, lors du banquet annuel « Iftar de la famille égyptienne » au Caire, Al-Sisi a lancé son invitation, par laquelle il a appelé tous les pouvoirs politiques à mener un dialogue national, avec toutes les forces politiques, sans exception ni discrimination, sur les priorités de l’action nationale durant la phase actuelle.

Al-Sisi a exhorté les partis à lui soumettre personnellement leurs recommandations et a promis d’assister aux phases finales du dialogue.

« La Patrie [l’Égypte] appartient à chacun d’entre nous, et les différences d’opinion ne compromettent pas l’intérêt de la nation », a déclaré Al-Sisi.

Il a également ajouté que les recommandations du dialogue seraient soumises au parlement égyptien en vue de l’élaboration de nouvelles lois ou de la modification des lois existantes.

Signaux d’apaisement

L’appel au dialogue lancé par la présidence égyptienne a coïncidé avec l’invitation de personnalités de l’opposition au banquet « Iftar de la famille égyptienne », une démarche qui semble destinée à restaurer la confiance.

Parmi les participants figuraient des personnalités qui avaient été absentes des récentes cérémonies officielles, notamment l’ancien candidat à la présidence Hamdeen Sabahi et le militant politique Khaled Dawoud, libéré il y a quelques mois de prison, ainsi que le réalisateur et écrivain Khaled Youssef.

Sabahi a déclaré avoir discuté avec al-Sisi de la libération des prisonniers d’opinion et a souligné l’importance de la libération de ces derniers pour le succès du dialogue politique.

L’inclusion de deux membres de l’opposition, Tarek el-Awady, avocat spécialisé dans les droits de l’homme, et Kamal Abu Eita, ancien ministre égyptien du travail, au sein du Comité du pardon présidentiel ont été ressenties comme autant de signaux d’apaisement.

Autre signal de la volonté de restaurer la confiance, la création de l’Académie nationale de formation sous la direction d’al-Sisi.

L’académie devrait accueillir plusieurs réunions entre les membres des différentes forces politiques et de la jeunesse afin d’élaborer un programme de réflexion national pour traiter toutes les questions urgentes en Égypte.

Qui participera au dialogue ?

Le professeur égyptien de sciences politiques Khairy Omar a déclaré à l’Agence Anadolu que la mouvance civile du pays, aussi bien politique que de défense des droits de l’Homme, assisterait à ce dialogue, qu’elle considère comme une chance d’exprimer ses opinions.

Il a également déclaré que toutes les forces et tous les groupes qui soutiennent le régime égyptien assisteraient au dialogue, y compris le courant islamiste salafiste, qui reconnaît déjà la légitimité du régime égyptien au pouvoir.

Omar a exclu l’idée que cet appel au dialogue soit le résultat d’une pression extérieure sur l’Égypte. « Les autorités [égyptiennes] sont conscientes des exigences de la phase actuelle, associées à l’importance de mener un dialogue politique », a-t-il déclaré.

Il a également exclu la possibilité d’une participation de figures de l’opposition établies hors d’Égypte, notamment les Frères musulmans.

Suite à l’appel d’al-Sisi, de nombreux partis égyptiens ont salué cette initiative, notamment le parti Wafd, le Parti de la justice, le Parti républicain du peuple et le parti des Égyptiens libres.

Les groupes d’opposition égyptiens à l’intérieur et à l’extérieur de l’Égypte, y compris le groupe des Frères musulmans, n’ont pas encore commenté cette initiative.

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