Nations Unies : Le manque de respect pour les autorités judiciaires en Tunisie est « alarmant »

Les Nations Unies ont exprimé leur préoccupation quant au « manque de respect pour les autorités judiciaires en Tunisie », alors que le président Kaïs Saïed a annoncé son intention de dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature.

C’est ce qui ressort d’une conférence de presse tenue par Farhan Haq, porte-parole adjoint du Secrétaire général des Nations Unies, au siège permanent de l’Organisation internationale à New York.

Les déclarations de Haq à cet égard sont intervenues en réponse aux questions de la presse concernant la position du Secrétaire général Antonio Guterres sur les développements en Tunisie.

« Nous surveillons ce qui va se passer en Tunisie, et il est clair que ce sera un sujet de préoccupation si les autorités judiciaires ne sont pas respectées par les autres acteurs politiques (sans les nommer) », a déclaré le fonctionnaire de l’ONU.

Et de poursuivre :  » Il y a bien sûr une chose sur laquelle nous serons très clairs, c’est la nécessité de traiter les autorités judiciaires et le système judiciaire du pays de manière équitable et respectueuse, et nous attendons de toutes les forces politiques qu’elles s’y conforment. « 

Le président Saïed avait déclaré, lundi, que « le projet de décret portant dissolution du Conseil supérieur de la magistrature est prêt », soulignant que « le recours à cette décision était devenu nécessaire. »

Les déclarations de Saïed interviennent après qu’il a annoncé dans la nuit de samedi à dimanche, lors d’une réunion au ministère de l’Intérieur, que le Conseil supérieur de la magistrature « appartient désormais au passé », appelant ses partisans à manifester pour soutenir sa décision.

Le Conseil supérieur de la magistrature est un organe constitutionnel indépendant qui a notamment pour mission de garantir l’indépendance de la justice et de veiller à ce que les juges rendent des comptes. Il est également chargé de veiller à l’octroi de promotions professionnelles aux magistrats.

Dimanche, le Conseil supérieur de la magistrature a annoncé, dans un communiqué, le rejet de sa dissolution en l’absence d’un mécanisme constitutionnel et légal qui le permette, outre le refus de la dissolution du Conseil exprimé par de nombreux organes judiciaires et partis politiques.

Raoudha Karafi présidente d’honneur de l’Association des magistrats tunisiens (AMT) (indépendante représentant la majorité des juges) a déclaré à l’Agence Anadolu que « le siège du Conseil supérieur de la magistrature a été fermé de force aujourd’hui. »

La Tunisie traverse une grave crise politique depuis le 25 juillet dernier, date à laquelle Saïd a décidé d’imposer des mesures d’exception, notamment : le gel des pouvoirs du Parlement, la promulgation de lois par décrets présidentiels, la destitution du gouvernement et la nomination d’une nouvelle équipe gouvernementale.

La majorité des forces politiques et de la société civile en Tunisie rejettent ces mesures et les qualifient de « coup d’État contre la Constitution », tandis que d’autres forces les soutiennent et les considèrent comme une « correction du cours de la révolution de 2011 », qui a renversé le régime du président de l’époque, Zine El Abidine Ben Ali.

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