Proches de politiciens ciblés… La Tunisie se tourne-t-elle vers le châtiment collectif?

Courrier arabe

En Tunisie, les proches de politiciens et d’hommes d’affaires suspectés par la Présidence ont été interdits de voyage, ce qui a déclenché la colère des activistes, qui ont dénoncé «le principe du châtiment collectif».

Les autorités tunisiennes ont élargi le cercle des personnes interdites de voyage, ciblant les proches des noms qui se trouvent sur leur liste des suspects.

L’avocat Abdelwahed Yahyaoui a signalé que «le fils du secrétaire général du Parti Démocrate, Ghazi Chouachi a été interpellé à l’aéroport de Tunis, et a dû attendre deux heures, avant de recevoir une autorisation pour quitter le pays».

Yahyaoui indiqua lors d’un post publié sur Facebook que les autorités expliquèrent que «l’affaire était liée à Ghazi Chouachi, le père de son client».

«On lui avait dit clairement… Remercie Dieu qu’on t’est permis de voyager», avait-il noté, en signalant : «Il semble que les mesures exceptionnelles vont faire de nous une version de la Corée du Nord, et la personne sera punie par ses proches… Nous sommes de retour au principe du châtiment collectif».

Depuis quelques jours, la famille d’Imed Daimi, président de l’Observatoir Raqabah, avait été interdite de voyager, et ils furent retardés avant d’obtenir une autorisation.

Aussi, l’ancien recteur de l’université de l’hôtellerie, Khaled Fakhfakh a été interdit de voyager et fut entraver pour près de deux heures à l’aéroport de Tunis.

Il fut plus tard autorisé à rejoindre l’avion, en courant, dans une scène qu’il estima être «humiliante» et raconta qu’il fut envoyé de l’avion avec sa femme, par les unités de sécurité.

Dénonciations et indignations

Ces mesures ont déclenché la colère des activistes tunisiens, qui ont refusé de voir des personnes se faisant punir pour les pratiques politiques de leurs proches.

L’activiste Habib Bouajila a dénoncé : «Sauf nos enfants et leurs familles…Toutes la solidarité avec Ghazi Chouachi dont le fils a été interdit de voyager».

Il estima «cet acte signifiait que les familles payaient pour les pratiques de leurs proches», dénonçant fortement une telle chose.

Aussi, l’activiste Seghir Chamekh a noté : «Les mesures d’interdiction de voyage, imposées sans décisions juridiques, violent les droits fondamentaux des Tunisiens et violent la constitution».

Il ajouta : «Cibler les proches et les familles de ceux qui sont sur la liste des suspects, placées par la présidence, est un acte de représailles fachiste».

Il est à signaler que la juridiction administrative, chargée d’ordonner les interdictions de voyage et les assignements à résidence, avait déclaré n’avoir lancé aucun ordre, depuis le 25 juillet 2021».

Ces propos ont poussé plusieurs observateurs à soulever des questionnements sur les parties qui se cachent derrière les interdictions de voyage et les assignements à résidence imposés à des centaines de politiciens, depuis le 25 juillet, mais aucune réponse officielle ne leur fut communiquée.

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