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vendredi, mars 29, 2024

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Tunisie: Ennahdha tient à associer « Qalb Tounes » au gouvernement de Fakhfakh

Deux experts tunisiens ont déclaré que le Premier ministre désigné, Elyes Fakhfakh, pourrait sortir de la crise que connait la formation du gouvernement, s’il met à profit le reste de la période qui lui reste pour œuvrer à associer le parti « Au Cœur de la Tunisie » (Qalb Tounes – Libéral) à son gouvernement.

Les deux experts ont souligné, dans des déclarations à Anadolu, que Fakhfakh ne pouvait obtenir la confiance au Parlement avec l’équipe annoncée samedi soir, à la lumière du retrait du mouvement « Ennahda » (d’obédience islamique), et de sa décision de ne pas lui accorder sa confiance.

Fakhfakh avait annoncé que lui et Kaïs Saïed avaient décidé de discuter de la possibilité de modifier la formation gouvernementale proposée, à la lumière du retrait d’Ennahdha.

Le gouvernement de Fakhfakh comprend 30 portefeuilles ministériels, convenus avant le retrait du mouvement Ennahdha, arrivé en tête lors des dernières élections législatives, en octobre dernier.

Le mouvement « Ennahdha » (54 députés sur 217) a annoncé qu’il n’accorderait pas sa confiance au gouvernement Fakhfakh ; en raison de son insistance à rejeter la demande du mouvement de former un « gouvernement d’union nationale n’excluant aucune partie ».

– Ajuster la structure gouvernementale

Kamal Al-Cherni, écrivain et analyste politique, a déclaré à Anadolu : « Le temps restant devant Fakhfakh (prenant fin jeudi) est suffisant pour former une nouvelle équipe gouvernementale ».

Il a estimé que « la solution est que Fakhfakh retire certains des noms proposés, qu’il a présentés comme indépendants alors qu’ils ne le sont pas, pour associer Qalb Tounes au gouvernement ».

Et d’ajouter que « le problème d’Ennahdha avec Fakhfakh vient de la nomination d’un grand nombre de ministres affiliés à son parti, les qualifiant de « personnalités indépendantes », dont Lobna Jeribi, proposée pour le poste de ministre des Technologies de la communication ».

Fakhfakh a été critiqué pour avoir choisi des ministres proches de son parti, « Forum démocratique pour le travail et les libertés » (aucun député au parlement), dont le ministre des Finances, Mohammed Nizar Yaich, le ministre de l’Industrie, Salah ben Youssef, ainsi que la Ministre des Technologies de la Communication.

Al-Cherni a ajouté qu’il y a « près de 10 ministres indépendants nommés par Fakhfakh, qui ne sont affiliés à aucun parti, et pour qui personne ne votera au Parlement », ajoutant qu’il y a « des noms annoncés par Fakhfakh, au sujet desquels planent des soupçons de corruption (il ne les a pas nommés) ».

Et de poursuivre : « Fakhfakh devrait nommer des ministres proches du Parti Qalb Tounes, et pas nécessairement parmi ses dirigeants, comme le parti l’avait précédemment demandé ».

Il a estimé que « l’inclusion du parti de Nabil Karoui dans la formation du gouvernement garantira la majorité, car une majorité de plus de 140 députés peut être réunie pour voter en faveur du gouvernement et mettre en place les organes constitutionnels (nécessitant une majorité de 145 députés) ».

Al-Cherni a attribué le « retrait du mouvement Ennahdha du gouvernement Fakhfakh par la crainte qu’un bloc ne se forme contre lui au sein du parlement, et non à cause des quelques ministères qui lui sont attribués (6 ministères), ce bloc serait en mesure d’écarter Rached Ghannouchi (chef d’Ennahdha) de la présidence du parlement ».

En parlant de front qui pourrait se former contre « Ennahda », Charni fait référence aux partis du « courant démocrate » (social-démocrate – 22 députés), du « mouvement Al-Chaab » (nationaliste nassériste – 15 députés) et de « Tahya Tounes » (libéral – 14 députés).

Il a estimé que « le gouvernement ne peut être adopté sans la participation d’Ennahdha, le mouvement ne pouvant pas être dans l’opposition, car il est numériquement le premier bloc au Parlement et avec lui la coalition « Al-Karama » (révolutionnaire – 19 députés), ce qui ferait que l’opposition deviendrait plus forte que le gouvernement proposé ».

Il a estimé que « le front face à Ennahdha (le courant Démocrate, le mouvement Al-Chaab et Tahya Tounes) n’a pas la capacité de former un groupe cohérent, car rien ne les rapproche à part leur différend avec Ennahdha ».

Al-Cherni a ajouté que « le soutien des partis Tahya Tounes, Courant Démocrate et Mouvement Al-Chaab au gouvernement Fakhfakh ne suffit pas à obtenir la confiance au parlement, compte tenu de la présence de trois grands blocs qui se sont retirés des consultations, à savoir « Ennahdha », « Qalb Tounes » et « la Coalition Al-Karama ».

« Nous sommes dans une vraie crise, il n’y a plus de possibilité de manœuvres politiques. Personne ne veut aller à des élections législatives anticipées, de peur d’une terrible abstention (de la part des électeurs). Quel que soit le coût matériel des élections, il y a un coût social et politique », a-t-il souligné.

– Un « coup d’État » contre Ennahdha

Abdallah Abidi, analyste politique, a estimé que « si Ennahda se retire et que Qalb Tounes et la coalition Al-Karama en font de même, le gouvernement n’obtiendra pas la confiance du parlement, puisque ces trois formations disposent de 112 sièges sur 217 et que les 105 députés restants ne suffisent pas pour valider la formation gouvernementale proposée (l’octroi de la confiance nécessite 109 députés).

Abidi a ajouté que « Fakhfakh renégociera avec ces trois partis, et sera tenu de revoir son équipe gouvernementale ».

« Fakhfakh a proposé des noms qu’il a qualifiés d’indépendants alors qu’ils ne le sont pas, comme le ministre de la Défense, Imed Hazgui, qui est proche de Kaïs Saïed, et le ministre de l’Intérieur, Hisham Mechichi, qui était conseiller juridique du Président », a-t-il poursuivi.

Et de souligner : « Il y a des fuites indiquant que le président Saïed a exigé de Fakhfakh qu’il lui accorde 5 ministères dont il choisirait lui-même les titulaires (sans préciser lesquels) ».

« Le mouvement Ennahdha a estimé qu’il y avait un coup d’État contre lui, et qu’il y avait des nominations ministérielles qui lui étaient hostiles, et c’est pourquoi il s’est retiré », a déclaré Abidi, ajoutant que « la solution serait que Fakhfakh revoie l’équipe gouvernementale proposée, sinon, une autre personne devrait être chargée de former le gouvernement, à moins que le président Saïed décide de dissoudre le parlement et d’appeler à des élections législatives anticipées ».

Les dispositions du chapitre 89 de la Constitution stipulent que « le délai pour former un gouvernement prend 4 mois, à commencer par la date du premier mandat, « c’est-à-dire à partir du 15 novembre dernier, date à laquelle Habib Jomli avait été désigné, ce qui signifie que les délais constitutionnels prendront fin le 14 mars, donnant au président de la République la possibilité d’user de son droit à dissoudre le Parlement.

SourceAgence

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