Tunisie: le député Yassine Ayari condamné à deux mois de prison et écroué

Les forces de sécurité tunisiennes ont arrêté vendredi le député du mouvement « Amal wa Aamal » (liste indépendante), Yassine Ayari, qui a été incarcéré le même jour en exécution d’un jugement définitif de justice de deux mois d’emprisonnement rendu à son encontre.

L’Institution du procureur général de la justice militaire (officielle) a fait savoir par voie de communiqué, relayé par les médias locaux, que le député du mouvement « Amal wa Aamal » a été incarcéré à la Prison civile de Tunis, en exécution d’un jugement définitif de justice rendu à son encontre par la Cour d’appel militaire le 6 décembre 2018.

« Cette décision a été confirmée par un arrêt de la Cour de cassation, qui prévoit l’emprisonnement de Yassine Ayari pour une période de deux mois, pour « avoir participé à une action tendant à détruire le moral de l’armée dans le but de porter préjudice à la défense nationale », a précisé l’Institution du procureur général de la justice militaire dans son communiqué.

Ladite Institution a souligné dans son communiqué que le parquet militaire « a exécuté aujourd’hui la décision susmentionnée (jugement de la Cour d’appel) conformément à la publication de décret présidentiel n° 80 de l’année 2021, en date du 29 juillet, relatif à la levée de l’immunité parlementaire des élus de l’Assemblée des Représentants du Peuple ».

Plus tôt vendredi, Cyrine Fitouri, épouse du député Ayari, a déclaré dans un post sur sa page Facebook, « Ils viennent d’embarquer violemment Yassine », sans plus de détails.

De son côté, la liste indépendante « Amal wa Aamal » a fait savoir par voie de communiqué que « L’élu de l’Assemblée des Représentants du Peuple, Yassine Ayari, a été embarqué de force devant sa maison par les forces sécuritaires sans qu’elles ne présentent aucun document, ni autorisation judiciaire, et n’informent sa femme de l’endroit où il a été emmené ».

La liste indépendante indiquait que l’arrestation de Ayari avait été effectuée « par un groupe important d’agents (des forces de l’ordre), qui se sont présentés comme faisant partie de « la sécurité présidentielle », sans plus de détails.

Le mouvement « Amal wa Aamal » a indiqué qu’il n’avait pas pour le moment de nouvelles données à communiquer, appelant l’opinion publique à s’informer au sujet de cette arrestation uniquement à travers sa page officielle Facebook.

Il est à noter que Yassine Ayari est poursuivi dans trois affaires ayant pour objet des plaintes déposées contre lui par la justice militaire depuis mars 2017, pour « diffamation et outrage à l’institution militaire ».

En novembre 2018, il a été condamné à trois mois de prison, dans l’une des trois affaires, après avoir été élu député aux élections législatives partielles pour la circonscription d’Allemagne.

Ayari était l’un des blogueurs les plus en vue de la révolution de janvier 2011, qui a renversé le régime de l’ancien Président Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011).

L’arrestation de Ayari intervient après que le Président Kaïs Saïed a limogé dimanche le chef du gouvernement Hichem Mechichi et s’est arrogé le pouvoir exécutif.

Kaïs Saïed, avait annoncé, dans la soirée du dimanche, au cours d’une réunion d’urgence avec de hauts responsables militaires et sécuritaires, le gel des pouvoirs du Parlement pour une durée de 30 jours et la levée de l’immunité parlementaire de tous les députés. Le locataire de Carthage a en outre annoncé qu’il présidera le ministère public.

Ayari ainsi que la majorité des partis politiques, ont considéré les mesures d’exception décidées par Kaïs Saïed comme un « coup d’Etat», ce que rejette le Président tunisien.

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