Tunisie : Le ministère de la Justice maintient les retenues sur les salaires des juges en grève

Le ministère tunisien de la Justice a annoncé, dimanche, le maintien des retenues sur les salaires des juges en grève, après que ceux-ci eurent annoncé la poursuite de la grève pour la quatrième semaine consécutive.

C’est ce qui ressort d’un communiqué du ministère, consulté par le correspondant de l’Agence Anadolu.

Le ministère a déclaré dans son communiqué : « Suite à l’appel relatif à la poursuite de la grève et la perturbation du fonctionnement des tribunaux pour la quatrième semaine consécutive et ses répercussions sur les droits de la défense et les intérêts des justiciables, notamment les personnes en état d’arrestation, le ministère de la Justice tient à rappeler que les procédures de retenue sur salaire sont maintenues, en fonction de la règle du travail effectué, en ce qui concerne le salaire du mois de juillet ».

Le ministère a appelé les juges à « assumer leurs responsabilités, à faire respecter leur droit au travail ainsi qu’à assurer le fonctionnement normal des travaux et des délibérations au sein des tribunaux. »

Les magistrats tunisiens avaient décidé, samedi, de prolonger leur grève pour la quatrième semaine consécutive, en signe de protestation contre la révocation de 57 juges par le président du pays, Kaïs Saïed.

Saïed a publié, début juin, un décret présidentiel démettant 57 juges de leurs fonctions, en les accusant notamment d’avoir « changé le cours de certaines affaires », d’avoir « perturbé les enquêtes » sur des dossiers liés au terrorisme et d’avoir commis  » des actes de corruption financière et morale ». Des accusations vivement contestées par les juges.

Ce décret a été rejeté par les syndicats et partis tunisiens et a suscité de vives critiques internationales, notamment de la part des États-Unis et d’Amnesty International.

La Tunisie traverse une grave crise politique depuis le 25 juillet 2021, date à laquelle Saïed a décidé d’imposer des mesures d’exception, notamment la destitution du gouvernement, la nomination d’une nouvelle équipe gouvernementale, la dissolution du Parlement et du Conseil supérieur de la magistrature, et la promulgation de lois par décrets.

Il a également décidé d’organiser un référendum populaire sur une nouvelle Constitution pour le pays, le 25 juillet, et d’avancer les élections législatives au 17 décembre.

Certaines composantes de la scène politique tunisienne considèrent ces mesures comme un « coup d’État contre la Constitution », tandis que d’autres y voient une « correction du cours de la révolution de 2011. »

Quant à Saïed, il a déclaré que ce sont des « mesures prises dans le cadre de la Constitution pour protéger l’État d’un danger imminent », soulignant que « les libertés et les droits ne sauraient être remis en cause. »

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