Tunisie : Le Président de la république remit en cause à l’ombre de la démission de l’ancien Premier ministre

Courrier arabe

En Tunisie, Jaouhar ben Mubarak, le conseiller de l’ancien Premier ministre, Ilyes Fakhfakh, a publié des informations sur la démission de ce dernier, affirmant que «Fakhfakh n’avait pas présenté de démission et que le président de la république, Kaïs Saïed avait décidé d’annoncer la nouvelle ne lui laissant aucun choix».

Ces déclarations ont poussé plusieurs politiciens à commenter l’affaire, remettant en cause la crédibilité du président.

La publication postée par Jaouhar ben Mubarak

Ben Mubarak a écrit, jeudi, sur sa page officielle : «Le président Kaïs Saïed s’était entretenu avec Rached Ghannouchi, le président de l’Assemblée des représentants du peuple, et Noureddine Taboubi, le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), leur annonçant que Fakhfakh avait déposé sa démission, alors qu’en réalité ce dernier n’avait rien présenté».

«Fakhfakh m’a raconté les faits, je lui ai dit : «Alors il ne t’a pas laissé de choix»», avait-il détaillé.

Jaouhar ben Mubarak indiqua sur un autre sujet que «le parti politique du Courant démocrate avait changé d’avis à la dernière minute, faisant tomber le gouvernement de Habib Jemli, bien que tout avançait dans la bonne direction», suscitant des interrogations sur les affaires qui se déroulent dans les coulisses du parlement tunisien.

Pour comprendre le point de vue des politiciens tunisiens, le site Arabi 21 s’est adressé à certaines figures ;

Des propos soutenus

L’ancien député Bachir al-Nefzi a indiqué : «Les propos de ben Mubarak sont tel un séisme politique. Elles imposent une poursuite et des charges de responsabilité».

De sa part, l’analyste politicien, Habib Bouagila, (membre aux négociations organisées pour former le gouvernement de Jemli et de Fakhfakh) affirma que «les déclarations de ben Mubarek étaient vraies».

Oussama Khelifi, député du parti Qalb Tounes indiqua : «Ce dont parle ben Mubarak, fut confirmé avant, et ceci impose des questions concernant la crédibilité du président».

Aussi, le dirigeant du parti Ennahdha, Saed Farjani a dit : «Nous remercions ben Mubarak, pour avoir présenté ces déclarations, même en retard, au moins il s’est exprimé dans un temps où plusieurs agissent sans tenir compte de la loi ou de la constitution».

Il signala que «Noureddine Bhiri, (aussi membre à Ennahdha) avait parlé de l’affaire au moment même de la démission, et avait indiqué qu’Ennahdha ne voulait pas ouvrir d’enquête à ce moment-là».

«Ennahdha reviendra sur l’affaire à un moment donné», avait-il ajouté, en signalant que le président ne respectait pas la constitution ni les procédures».

Des propos débattus

De sa part,  Zied Ghannai, député du Courant démocrate s’est demandé : «Pourquoi ben Mubarak parle maintenant d’une affaire qui remonte à plusieurs mois».

«Il s’est exprimé suite à la demande, de certaines parties (sans préciser) et ceux qui parlent de la sorte ne méritent pas qu’on leur réponde», avait-il déclaré.

Il ajouta : «Je n’imaginais pas que Jaouhar ben Mubarak pouvait perde sa crédibilité aussi rapidement, maintenant nous savons dans quel camp il a choisi d’être».

Le site a également mit la lumière sur la situation juridique, interrogeant la spécialiste de la loi constitutionnelle, Mouna Karim, qui a expliqué : «Si l’affaire se fait confirmée, alors nous sommes face à une erreur impardonnable commise par le président».

Et au sujet des possibilités envisageables pour juger Kaïs Saïd, elle indiqua : «Ethiquement c’est faisable, mais en l’absence du tribunal constitutionnel, il est impossible de le destituer».

Dans ce contexte il importe de noter que ces propos se présentent dans un temps où la situation politique en Tunisie est fragilisée par des conflits internes au sein du gouvernement, au moment où des observateurs redoutent que «les désaccords impact la stabilité du pays».

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