Tunisie-pénurie du carburant : Des spécialistes parlent des causes

Courrier arabe

En Tunisie, une image se fait répétée depuis lundi 10 octobre, dans toutes les stations de carburants du pays. Certaines sont envahies par une file d’attente interminable, alors que d’autres, complètement à sec, ont été mises hors service.

Une pénurie de carburant s’est présentée après une hausse de prix critiquée par les Tunisiens, déjà accablés par la situation économique du pays.

Et alors que les déclarations des responsables, n’ont pas rassurée la population, des spécialistes ont tenté de tirer au clair cette affaire et de parler des causes ayant placé le pays dans la situation où il se trouve.

Zoom sur la situation

La radio Mosaïque FM mardi a invité le spécialiste en pétrole, Mahmoud al-May, pour éclaircir la situation qui au pays.

Al-May a indiqué : «La Tunisie dispose d’un stock stratégique de pétrole de 90 jours… Dernièrement le stock stratégique du pays est très bas, l’Etat n’arrive plus à stocker par manque de devise. Il ne fait que distribuer… La cargaison qui entre se fait aussitôt distribuer».

Il ajouta : «En temps normal, les cargaisons de pétrole se font analysés dès leur arrivée (39 éléments sont analysés et si un seul est inadéquat, toute la cargaison risque d’être refusée)».

«Aujourd’hui, la Tunisie peut recevoir une cargaison qui ne répond pas aux normes, et l’Etat ne peut pas la refuser, il est obligé de la distribuer pour éviter la pénurie au pays, et qui risque de déclencher une crise», avait-il souligné.

Il a également affirmé que «l’offre dans le monde dépasse la demande», rappelant que «ceci a poussé l’Arabie saoudite à baisser sa production».

«Autrement dit, si tu as des devises du peux acheter sur place», avait-il précisé.

Il a aussi indiqué que «la situation en Tunisie ne pouvait être comparée à celle en France, car la crise de cette dernière est causée par la grève des ouvriers de la plus grande raffinerie de France, alors que la Tunisie n’a plus de stock».

Le gouvernement pointé du doigt et des solutions lui sont suggérées

Mongi Marzouk, ministre de l’Energie et des Mines en 2016, a expliqué lors d’un post publié mardi sur son compte Facebook : «La difficulté à approvisionner le carburant revient à la faiblesse des ressources financières du gouvernement, qui s’est aggravée avec la hausse des prix et la baisse de la cote de crédit».

Selon lui, «depuis le début de l’année 2022 et jusqu’à la fin du mois d’août, la demande du gaz a baissé de 0,2% et la demande des produits pétroliers a augmenté de 2%, par rapport à 202».

En tant qu’expert dans le domaine de l’énergie, il a proposé comme solutions urgentes ; «conclure des contrats d’approvisionnement (avec des pays amis), imposer des mesures fermes et rapides pour baisser la consommation, songer à économiser l’énergie (matières pétrolières, gaz et électricité), accélérer l’autoproduction de l’électricité (et lancer tous les projets d’énergie solaire), et mettre à disposition certaines ressources financières».

Il importe toutefois de rappeler que la Tunisie souffre de la pénurie de plusieurs produits alimentaires et d’une crise sociale, alors que le gouvernement n’arrive pas à mettre en place un plan d’action.

Les spécialistes signalent que «si le gouvernement n’agit pas en urgence, une explosion populaire risque de plonger le pays dans un chaos incontrôlable».

Quitter la version mobile