Depuis les premières heures de la matinée de ce dimanche, et devant un lycée de la province de Ben Arous, situé à quelques encablures de la capitale Tunis (banlieue sud), le mouvement se limitait à quelques individus qui vaquaient à leurs occupations habituelles en ce jour de fin de semaine, avant que l’endroit ne soit envahi par de nombreuses personnes, toutes âgées de plus de 40 ans, venues pour se faire vacciner contre la Covid-19.
Une grande affluence venue répondre à l’appel lancé par le président Kais Saied à organiser une journée nationale de vaccination contre la Covid-19 (le dimanche 8 août 2021) avec pour objectif affiché, celui d’inoculer le vaccin à plus d’un million de personnes en une seule journée, et ce, dans le cadre des efforts déployés en vue d’accélérer la lutte contre la pandémie, qui s’est répandue de manière profondément inquiétante dans le pays au cours des dernières semaines.
Kais Saied avait appelé, lundi dernier, à organiser la plus grande opération de vaccination, depuis le lancement de la campagne en date du 13 mars dernier, « compte tenu, entre autres, de la disponibilité de six millions de doses de vaccins contre la Covid-19, reçues sous forme de don de pays frères et amis », selon un communiqué de la Présidence.
Le communiqué de la Présidence a souligné que « cette initiative sera organisée en coordination entre les ministères de la Santé publique, de la Défense nationale, de l’Intérieur et de l’Education, et en collaboration avec d’autres instances, y compris des composantes de la Société civile et des bénévoles ».
Une organisation minutieuse
Les unités sécuritaires ont entamé leur mission au centre de vaccination tôt ce matin avant la venue des infirmiers, des médecins et des volontaires ainsi que des unités de l’armée tunisienne.
Il convient de noter que c’est l’armée qui dirige une cellule des opérations de gestion de la pandémie de la Covid-19, en vertu d’un décret présidentiel daté du 28 juillet dernier.
Dans l’enceinte du lycée, transformé en un grand centre de vaccination, l’organisation a été minutieuse, à la faveur des barrières en plastique et en fer installés pour séparer et orienter les citoyens et des chaises posées de manière organisée et harmonieuse dans la cour de l’établissement.
Au niveau des deux entrées du lycée, les agents de sécurité veillent à assurer l’organisation en maintenant deux files de 10 personnes chacune et un respect de la distanciation d’un mètre, dans le cadre des mesures de prévention.
Le parcours des citoyens se poursuit à l’intérieur de l’établissement, lorsque les bénévoles, formés majoritairement d’étudiants et d’élèves, fournissent un numéro à chaque nouveau venu pour le diriger à une autre de file d’attente.
Accédant, par la suite, à une première salle, mise en place à cet effet, les médecins parachèvent l’inscription dans le dispositif local de vaccination (Evax) en posant des questions sur l’état de santé ainsi que sur la possibilité à ce que la personne venue pour se faire vacciner porte des symptômes favorisant la contamination, l’objectif étant de faciliter la prise de la première dose et de déterminer la date de la deuxième dose.
Après cela, le passage à une seconde salle, distante de quelques mètres seulement, s’effectue de manière fluide. Le respect par chacun de son tour et l’avance en file indienne se poursuivent dans le calme, le vaccin est ensuite dispensé par des infirmiers en présence de bénévoles et des représentants du Croissant Rouge, mobilisé à son tour pour couronner de succès cette campagne.
Guerre contre la Covid-19
Au cours des derniers mois et en raison des crises politique, économique et sociale qui ont secoué le pays, la crise sanitaire a connu une recrudescence notoire en Tunisie, à cause entre autres de la lenteur du rythme de le la vaccination, lenteur générée, notamment, par le manque de doses acquises et l’augmentation du nombre de contamination, à la suite de la propagation de la pandémie.
De même, le ministère de la Santé publique en Tunisie a connu une instabilité chronique depuis l’apparition du virus à l’orée du mois de mars 2020, lorsque trois ministres ont officié à la tête du département, en l’occurrence Sonia Bechikh, Abdellatif Mekki et Fawzi Mehdi, à qui a succédé Mohamed Trabelsi, depuis le 20 juin dernier, pour assurer la direction de ce département par intérim.
Mohamed Trabelsi a été également remercié au cours de la semaine écoulée par le président de la République qui a nommé Ali M’rabet à ce poste.
Conjugaison des efforts
Imen Jédidi, directrice du lycée de Ben Arous, a, dans une déclaration faite à AA, souligné que « chacun est prêt pour accomplir son devoir et nous nous préparons à cet événement depuis mercredi et la grande affluence des citoyens sur le centre illustre la prise de conscience quant à l’importance de se faire vacciner ».
Elle a ajouté : « notre espoir est grand afin que la campagne soit réussie et il n’y a aucune raison pour que cela ne soit pas le cas. Tous les présents ont respecté les mesures prises et tout un chacun a suivi à la lettre les recommandations. Ainsi, les choses évoluent de la meilleure des manières ».
« Nous avons attribué à chacun, depuis plusieurs jours, un rôle déterminé et la coordination évolue convenablement entre la direction du lycée et son personnel d’une part, avec les élèves, les étudiants et les organisations de la société civile d’autre part. Cela relève de notre devoir et les efforts des derniers jours ne seront pas vains. Cette journée sera marquée d’une pierre blanche et tout le monde souhaite l’achever avec succès ».
De son côté, l’infirmier Larbi Maamri, a indiqué que les efforts déployés sont considérables et chacun accomplit son rôle en tentant d’être le plus efficace et le plus rapide possible.
C’est un jour de congé pour les Tunisiens et c’est un bon indice que l’affluence soit grandissante (des centaines de personnes dès les premières heures du matin).
Et l’infirmier de poursuivre : « Je pense que la campagne sera réussie en présence des représentants des différentes institutions intervenantes (Santé, sécurité, bénévoles et autres) et je souhaite qu’aucune entrave ne se dressera sur la voie du succès de cette journée historique ».
Selon le correspondant de AA, le vaccin de type AstraZeneca, connu désormais sous le nom de Vaxzevria depuis le mois de juillet dernier, est celui utilisé dans ce centre et il permet à ceux qui l’ont reçu de voyager en Europe.
La bénévole Wafa Ouerfelli (enseignante de langue anglaise) a déclaré à AA : « L’influence est indéniablement grande et l’organisation est bonne et nous ne comptons ménager aucun effort pour prêter main forte afin de couronner de succès la campagne de vaccination ».
Elle a ajouté : « Je pense que les choses évoluent de manière convenable, et ce qui attire le plus l’attention sont la rigueur et l’organisation des citoyens et de leurs accompagnateurs, ainsi que le respect des mesures préventives et des recommandations de santé ».
Selon le plus récent bilan officiel, les contaminations confirmées à la Covid-19 ont atteint en Tunisie le seuil des 610 mille 660 cas, qui ont généré 20 mille 931 décès, avec 542 mille 210 guérisons.
Sur la base des chiffres du ministère de la Santé publique, ce sont 3 millions 293 mille 114 personnes qui ont reçu le vaccin anti-Covid-19, dont 2 millions 48 mille 54 (première dose) et 245 mille 60 mille une double dose.
Depuis la mi-juillet écoulé, la Tunisie a reçu une série d’aides internationales, dont deux millions 100 mille doses de vaccin envoyées par la Turquie, l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis.
De plus, 500 mille autres doses ont été obtenues, dont 400 mille sous forme de don de la Chine, au lendemain d’un lot de 1,5 million de doses octroyé par l’Italie.
