L’Espagne vote dimanche pour les européennes, municipales et régionales. Un « deuxième tour » après les législatives d’avril dont le chef du gouvernement socialiste sortant Pedro Sanchez espère sortir renforcé sur la scène nationale et en Europe.
Ce triple scrutin intervient à peine un mois après les élections du 28 avril remportées par le Parti socialiste (PSOE) de M. Sanchez qui ne dispose toutefois pas de la majorité absolue au parlement.
Epargnée par la poussée eurosceptique attendue dans de nombreux pays, l’Espagne est le seul grand pays du bloc où les socialistes ont une chance d’arriver en tête alors que le PSOE est crédité par les sondages d’environ 30% des voix.
Formation du gouvernement
Grand espoir des sociaux-démocrates européens, M. Sanchez entend profiter de son succès, s’il se confirme, pour placer un Espagnol à l’un des postes clés en jeu prochainement dans l’UE.
« Pedro, tu vas devoir prendre la tête de cette renaissance de la social-démocratie en Europe », lui a dit vendredi en clôturant la campagne le ministre des Affaires étrangères et tête de liste socialiste aux européennes Josep Borrell, dont Madrid pousse la candidature au poste de la chef de la diplomatie de l’UE.
Sur le plan national, le paysage politique qui sortira des régionales et des municipales sera déterminant en vue de la formation du nouveau gouvernement qui interviendra après le vote d’investiture de M. Sanchez prévu a priori début juillet.
Le socialiste a appelé ses partisans à « finir le boulot » et les Espagnols à un « vote cohérent le 26 mai avec celui du 28 avril ».

Podemos en embuscade
Son parti est donné en tête dans la plupart des 12 régions en jeu mais la région clé sera celle de Madrid qui pourrait basculer à gauche après avoir été gouvernée par le droite depuis 24 ans.
En cas de nette victoire socialiste dimanche, M. Sanchez pourrait maintenir son « plan A » de former un exécutif minoritaire 100% socialiste et de passer des accords au cas par cas avec d’autres forces politiques pour faire voter ses réformes au parlement.
Le « plan B » serait d’accepter l’entrée au sein du gouvernement de Podemos, parti de gauche radicale dirigé par Pablo Iglesias, pour gagner en stabilité, même si les deux partis ne disposent pas de la majorité à la chambre des députés à eux seuls.
« Le parti d’Iglesias est sur le déclin selon les derniers sondages et le PSOE pourrait bénéficier d’un effet ‘lune de miel’ après sa victoire en avril. Si la distance entre les deux parties s’accroît dimanche, Sanchez sera encore plus en mesure de former un gouvernement minoritaire » uniquement socialiste, souligne Antonio Barroso, analyste du cabinet Teneo.

Manuel Valls à la traîne
Aux municipales, l’ancienne juge de gauche Manuela Carmena semble bien partie pour être réélue à la mairie de Madrid.
A Barcelone, deuxième ville du pays, la maire sortante de gauche Ada Colau et l’indépendantiste catalan Ernest Maragall sont au coude-à-coude tandis que l’ancien Premier ministre français Manuel Valls, soutenu par les libéraux de Ciudadanos, est donné loin derrière en quatrième position.