Amnesty International: « Les tribunaux militaires en Tunisie ciblent de plus en plus de civils »

L’organisation Amnesty International a déclaré, mercredi, que les tribunaux militaires ciblent de plus en plus les civils, indiquant que dans certains cas au motif qu’ils critiquent publiquement le président Kaïs Saïed.

Dans une déclaration publiée sur son site web, l’organisation a indiqué que de plus en plus de civils comparaissent devant les tribunaux militaires depuis que Kaïs Saïed s’est arrogé des pouvoirs très étendus le 25 juillet 2021.

La Tunisie est en proie à une grave crise politique depuis que le chef de l’Etat a décidé le 25 juillet dernier de révoquer le Chef du gouvernement Hichem Mechichi, de geler les pouvoirs du Parlement, et de lever l’immunité des députés dans le cadre de mesures d’exception. Kaïs Saïed avait annoncé également qu’il s’arrogeait le pouvoir exécutif.

Le Président tunisien avait décidé de supprimer l’instance provisoire de contrôle de la constitutionnalité des projets de loi, de légiférer par décrets présidentiels et d’exercer le pouvoir exécutif avec l’aide d’un gouvernement.

Amnesty a cité quatre cas dans lesquels des civils ont été traduits devant la justice militaire pour avoir critiqué le président de la République, pour le seul fait d’avoir exprimé pacifiquement leurs opinions politiques.

« Les civils ne devraient jamais être jugés par des tribunaux militaires », insiste l’organisation, regrettant que « le nombre de civils, en Tunisie, traduits devant la justice militaire augmente à un rythme inquiétant ».

L’organisation a indiqué que le nombre de civils traduits devant les tribunaux militaires ces trois derniers mois a surpassé celui enregistré au cours des 10 dernières années réunies, sans fournir d’amples détails.

« Alors que les Tunisiens débattent de l’avenir incertain de leur pays, il est d’autant plus crucial que les autorités protègent leur droit de le faire librement – même lorsque leurs propos sont considérés comme « insultants »- sans crainte de persécutions », affirme l’organisation.

A noter qu’aucun commentaire n’a été émis dans l’immédiat de la part des autorités tunisiennes sur ce qui a été rapporté par Amnesty International.

La majorité des forces politiques en Tunisie rejettent les décisions exceptionnelles de Saïed, et les considèrent comme un « coup d’Etat contre la constitution », tandis que d’autres forces les soutiennent et les voient comme un « redressement du processus de la révolution de 2011 », qui a renversé le président de l’époque, Zine El Abidine Ben Ali.

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