Irak : désobéissance civile dans le sud du pays

Des manifestants de la province de Bassorah ont empêché, dimanche, les employés d’institutions vitales et officielles de se rendre sur leur lieu de travail, afin de les forcer à participer au mouvement de désobéissance civile, paralysant ainsi la vie publique de la province (sud), dans le but de faire pression sur le gouvernement irakien et l’amener à céder à leurs revendications.

« Les manifestants ont bloqué la route menant à l’entreprise sidérurgique de l’ouest de la province et ont empêché le passage d’autobus transportant des employés », a déclaré Jasim al-Aydani, l’un des coordinateurs des manifestations de Bassorah.

« Les manifestants ont également bloqué les routes menant à la compagnie d’engrais et à la centrale électrique à l’ouest de Bassorah et empêché les employés de se rendre à leur travail », a-t-il précisé.

Et de poursuivre : « La désobéissance civile est une réaction à l’incapacité du gouvernement et du parlement à répondre aux demandes de la rue ».

À Bagdad, la police anti-émeute a exhorté les manifestants à rester à l’écart de la barrière en béton érigée sur le pont Al-Senak, afin d’éviter toute friction avec les forces de l’ordre.

Cet avertissement intervient quelques heures à peine après que les manifestants eurent réussi à lever les barrières en béton érigées par les forces de sécurité dans la rue Abu Nawas, dans le centre de Bagdad, menant au pont à deux étages, une des entrées de la zone verte via le quartier de Karrada.

Le pont sépare les manifestants de la place Tahrir, de la zone verte fortifiée, qui abrite des bâtiments gouvernementaux, le parlement et des missions étrangères.

Selon le correspondant d’Anadolu, les coordinateurs des manifestations à Bagdad cherchent à passer à une nouvelle étape dans leur mouvement, jugeant que leurs exigences n’ont pas trouvé de réponse et dénonçant les atermoiements du Gouvernement, du Parlement et des partis politiques.

Faisal al-Abdullah, membre de la Commission des droits de l’homme, a déclaré samedi à Anadolu, que 260 manifestants avaient été tués et 12 000 autres blessés, depuis le début des manifestations, en octobre.

« Une centaine de bâtiments gouvernementaux et de quartiers généraux de partis ont été incendiés », a-t-il déclaré.

Un calme précaire est revenu, samedi, sur la scène politique, après les fortes pressions exercées ces derniers jours par les forces politiques sur le Gouvernement pour qu’il démissionne, en particulier de la part de Moqtada al-Sadr, qui dirige le courant Sadriste.

Le Gouvernement s’en est, quant à lui, tenu à une déclaration appelant les pays étrangers et les organisations internationales à ne pas s’immiscer dans les affaires intérieures de l’Irak et à respecter sa souveraineté.

L’Irak traverse, depuis le 25 octobre, une vague de manifestations antigouvernementales, la deuxième du genre en l’espace de deux semaines.

Au départ, les manifestants réclamaient l’amélioration des services publics, la création d’opportunités de travail et la lutte contre la corruption. Après le recours à la violence excessive par l’armée et les sécuritaires, le seuil des revendications s’est élevé. Malgré les promesses de punir les auteurs des actes de violences, les manifestants tiennent à la chute du Gouvernement.

Alors que le Gouvernement d’Adel Abdel-Mehdi a adopté plusieurs programmes de réforme, dans plusieurs secteurs, depuis le début des manifestations, les manifestants demeurent insatisfaits et tiennent à le faire chuter.

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