Irak: les forces de sécurité ont tué 97 manifestants par des armes particulièrement meurtrières

Au moins 97 personnes ont été tuées au cours des dix derniers jours, alors que les forces de sécurité irakiennes ont eu recours à des « armes particulièrement meurtrières » pour réprimer les manifestants.

C’est ce qui ressort d’une conférence de presse tenue par le porte-parole du Secrétaire général des Nations unies (ONU), Stéphane Dujarric, au siège permanent de l’ONU à New York, mardi.

Dujarric commentait un rapport publié aujourd’hui par la Mission d’assistance de l’ONU pour l’Iraq (MANUI), sur les manifestations en cours en Irak depuis le 25 octobre.

Le rapport a fait état « de graves violations des droits humains lors de la répression sécuritaire des manifestants au cours de la deuxième vague de manifestations qui a débuté en Irak le 25 octobre dernier ».

« Bien que les forces de sécurité irakiennes aient fait preuve de plus de retenue que lors des manifestations d’octobre, en particulier à Bagdad, l’utilisation illégale d’armes létales par les forces de sécurité et des éléments armés appelle à une attention urgente », souligne le rapport.

Le rapport de l’ONU a attribué le meurtre d’au moins 16 manifestants et de nombreuses blessures graves aux grenades lacrymogènes utilisées par les forces de l’ordre.

Il souligne également les préoccupations concernant les efforts en cours pour réduire la couverture médiatique et le blocage continu des médias sociaux en Irak.

« Le rapport met en lumière les domaines qui nécessitent une action urgente pour mettre fin au cycle de la violence et souligne une nouvelle fois l’impératif de responsabilité juridique », a déclaré la chef de la mission de l’ONU, Jenin Hennes-Blachart.

« Nous devons nous rendre compte que, à notre époque numérique, la vie quotidienne est passée à Internet, a-t-elle ajouté. La fermeture totale d’Internet et des médias sociaux bouleverse non seulement la façon dont les gens pratiquent leur vie et leur travail, mais viole également la liberté d’expression. »

Daniel Bell, chef du bureau des droits de l’homme de la MANUI, a déclaré qu’il n’y avait « aucune justification pour que les forces de sécurité tirent des grenades de gaz lacrymogène ou des bombes sonores directement sur des manifestants non armés ».

L’Irak traverse, depuis le 25 octobre, une vague de manifestations antigouvernementales, la deuxième du genre en l’espace de deux semaines.

Les manifestations ont été marquées par une violence généralisée qui a coûté la vie à au moins 275 personnes et fait des milliers de blessés, lors d’affrontements entre manifestants, forces de sécurité et militants appartenant à des factions chiites proches de l’Iran.

Les manifestants réclamaient l’amélioration des services publics, la création d’opportunités de travail et la lutte contre la corruption. Après le recours à la violence excessive par l’armée et les sécuritaires, le seuil des revendications s’est élevé. Malgré les promesses de punir les auteurs des actes de violences, les manifestants tiennent à la chute du gouvernement.

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