L’Arabie saoudite annonce le maintien du grand pèlerinage avec un « nombre limité » de pèlerins

La pandémie due au nouveau coronavirus touche l’un des plus importants rassemblements religieux au monde. L’Arabie saoudite a annoncé, lundi 22 juin, le maintien, à la fin de juillet, du grand pèlerinage musulman de La Mecque, l’un des cinq piliers de l’islam, mais avec un « nombre très limité » de fidèles, selon la Saudi Press Agency (SPA), l’agence de presse officielle du royaume. Seules les personnes « se trouvant à l’intérieur du royaume » saoudien pourront en effet effectuer le hadj, conformément aux mesures de précaution afin de contenir la propagation du Covid-19.

Le grand pèlerinage dans la ville sainte de l’ouest de l’Arabie saoudite a attiré 2,5 millions de fidèles en 2019. Les autorités tablaient sur 2,7 millions de pèlerins pour 2020, selon le ministère chargé de l’organiser.

Le hadj, que tout fidèle est censé accomplir au moins une fois dans sa vie, s’il en a les moyens, s’effectue une fois par an au début du mois lunaire musulman dhou al-hajja, le dernier mois du calendrier lunaire musulman. En revanche, le petit pèlerinage, ou oumra, suspendu cette année, peut être accompli tout au long de l’année.

La pandémie « continue de s’accélérer » dans le pays

Jusque-là, Riyad maintenait l’incertitude autour de la tenue de ce pèlerinage. A la fin de mars, les autorités, qui avaient ainsi suspendu la oumra craignant que le virus ne se répande dans les villes saintes de La Mecque et Médine, et appelé les musulmans à suspendre leurs préparatifs pour le hadj.

Mais après avoir pris des mesures strictes de confinement, l’Arabie saoudite a levé cette semaine le couvre-feu en vigueur dans tout le pays. Dimanche, les mosquées de La Mecque ont ainsi rouvert leurs portes aux fidèles.

L’annonce du maintien du hadj survient alors que le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a prévenu lundi que la pandémie « continuait de s’accélérer » dans le monde. C’est notamment le cas en Arabie saoudite, pays arabe du Golfe le plus touché avec une recrudescence du nombre de contaminations. Officiellement, les autorités ont recensé plus 161 000 personnes infectées, dont 1 307 sont mortes.

Une décision saluée

S’attendant à une annulation ou du moins à de fortes restrictions, la plupart des pays musulmans avaient déjà suspendu ces dernières semaines les formalités de voyage pour le hadj, décevant des millions de fidèles qui consacrent parfois toutes leurs économies à ce pèlerinage. Fin mars, le ministre saoudien du pèlerinage, Mohammad Benten, avait également demandé aux musulmans de reporter temporairement leurs préparatifs du hadj.

Dans ce qui apparaît comme un effort pour apporter une caution religieuse à cette décision, la Ligue islamique mondiale, basée en Arabie saoudite, a reconnu la légitimité de ce hadj limité, dans l’intérêt des pèlerins eux-mêmes, selon les médias officiels saoudiens. La Ligue islamique mondiale (LIM), est souvent considérée comme un bras diplomatique du royaume saoudien, ainsi que comme un instrument de diffusion du wahhabisme, version saoudienne et très puritaine de l’islam.

La prestigieuse institution sunnite Al-Azhar, basée au Caire, a également salué cette décision, la jugeant « sage et basée sur la jurisprudence islamique ». Youssef Al-Othaimeen, secrétaire général de l’Organnisation de la coopération islamique a dit de son côté « apprécier le soin extrême donné à la santé et à la sécurité des pèlerins ».

Ce pèlerinage limité risque d’affecter l’économie de l’Arabie saoudite qui, premier exportateur de brut au monde, est déjà touchée de plein fouet par la chute des prix du pétrole, entraînant la baisse de ses recettes publiques. Lors du hadj et de la oumra, les pèlerins injectent chaque année 10,6 milliards d’euros dans l’économie saoudienne, selon le gouvernement, une somme dont le royaume va devoir se passer.

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