Tunisie: le gouverneur de Médenine et le délégué de Zarzis chassés par les habitants

Le gouverneur de Médenine (sud), Saïd Ben Zayed et le délégué de Zarzis, Ezzeddine Khelifi, ont été chassés, vendredi, du siège de la délégation sous une pluie de pierres et d’insultes, sur fond de l’affaire des migrants disparus après avoir pris le large pour atteindre les côtes européennes.

En effet, le gouvernorat sinistré vit un drame depuis un moment, dix-huit migrants ayant tenté de franchir, clandestinement, les frontières maritimes, dans la nuit du 20 au 21 septembre 2022, avant que leurs familles ne perdent contact avec eux et n’en informent, trois jours après, les autorités, qui restent inertes.

Les tensions se sont exacerbées et la gronde s’est accentuée quand les familles des personnes disparues ont appris que des corps repêchés par les autorités en question avaient été inhumés de manière anonyme dans « le cimetière des étrangers », connu également sous le nom de « cimetière des jardins d’Afrique », où sont, habituellement, enterrées les dépouilles de migrants non identifiés morts au cours d’une traversée clandestine de la Méditerranée. Il s’agit d’un terrain d’une ancienne décharge publique qui couvrait 400 m2 avant de s’étendre sur une superficie de 2 500 m2.

Selon Business News, le gouverneur a déclaré, hier jeudi, que les corps avaient été transportés à l’hôpital avant d’être enterrés dans ledit cimetière et ce, dans les règles, conformément aux lois en vigueur.

Quinze cadavres auraient été repêchés en mer, jusqu’au 14 octobre, selon une déclaration accordée par le porte-parole de la Garde nationale, le colonel-major, Houssemeddine Jebabli à la radio Shems FM et relayée par Business News.

La même source indique qu’après consultation du ministère public, les personnes concernées ont été intégrées dans la liste des disparus et sont activement recherchées par les unités de la Garde maritime et de la marine nationale, en collaboration avec les unités héliportées outre les pêcheurs qui se sont, volontairement, mobilisés pour ce faire.

La cellule locale de crise chargée du suivi du drame a obtenu les rapports relatifs au nombre des corps repêchés par les unités de la Garde Maritime, les corps transportés à l’hôpital régional de Zarzis et ceux transférés au cimetière des étrangers ou ayant été autopsiés, a rapporté l’agence Tunis Afrique Presse (TAP/officiel).

Jeudi, la cellule a tenu une réunion, en présence du délégué de Zarzis, Ezzeddine Khlifi afin d’examiner la possibilité d’obtenir une autorisation auprès des autorités militaires pour effectuer une opération de ratissage des plages situées à proximité de la caserne de Zarzis.

Les opérations de recherche des corps pourraient être menées au moyen de drones, des brigades canines ainsi que d’équipements lourds servant à ratisser les sites d’accumulation des algues marines dans l’espoir de repérer des corps pouvant être ensevelis sous la flore marine.

Un certain nombre des proches des défunts se sont déplacés, le même jour, aux municipalités de Zarzis-Nord et Zarzis-Sud, pour revendiquer un inventaire des autorisations délivrées par les deux communes tout au long de cette période pour le transfert des corps vers le cimetière des étrangers ou pour autopsie, lit-on de même source.

Les habitants, en colère, investissent, depuis des jours, les rues de la ville, saccagent le siège de la délégation et envahissent les établissements scolaires pour faire sortir les élèves des classes, en signe de protestation contre l’inaction du gouvernement face à la tragédie que vit la région.

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