Wall Street Journal: l’Arabie saoudite a planifié l’invasion du Qatar pour son gaz

Courrier arabe

Le journal américain Wall Street Journal a révélé qu’en 2017, l’Arabie saoudite a planifié de s’accaparer et d’exploiter la quote-part de Qatar en gaz naturel, situé dans le plus grand champs gazier du monde, en ajoutant que cela signifie le premier pas à effectuer avant l’invasion de cet émirat.

Des responsables américains, saoudiens et qataris, dont les noms ne sont pas révélés, ont déclaré au journal que: « le rêve de l’Arabie saoudite est de créer un empire de gaz naturel », en affirmant « qu’avec la prise des champs gaziers qataris, le royaume deviendrait le deuxième producteur de gaz naturel mondial ».

Les responsables américains ont ajouté : « Washington a convaincu Riyad que l’invasion du Qatar est en contradiction totale du droit international, et qu’il serait plus sensé de s’abstenir ». A cet effet, l’Arabie saoudite et ses alliés ont décrété un blocus économique contre le Qatar.

Contrat gazier saoudien

L’accord gazier entre l’Arabie saoudite et les États-Unis pour l’achat du gaz naturel américain s’inscrit dans un plan de 160 milliards de dollars sur dix ans qui vise à développer ses actifs gaziers, alors que la demande en nouvelles énergies dans le royaume riche en pétrole devrait, selon les estimations, dépasser sa capacité.

L’Arabie saoudite cherche à multiplier sa production en gaz naturel, qui alimentera de nouvelles villes en voie de réalisation.

Celui-ci contribuera au développement d’industries locales dans divers secteurs de l’économie du pays. Le royaume produit actuellement assez de pétrole brut pour faire face à la demande intérieure d’électricité.

L’accord conclu par l’Arabie saoudite pour acheter du gaz naturel liquéfié à Sempra Energy, révélé par The Wall Street Journal, mardi, et annoncé officiellement, mercredi, marque son entrée sur le marché mondiale d’achat et de vente de GNL (gaz naturel liquéfié).

Cet accord d’une durée de vingt ans porte sur l’achat par Saudi Aramco Oil de 5 millions de tonnes de GNL par an auprès du projet d’exportation de Sempar actuellement en développement à Port Arthur au USA.

Il s’agit de l’une des plus importantes transactions de GNL jamais réalisées et la plus grande en volume depuis 2013, selon Wood Mackenzie, société d’experts-conseils en énergie du Royaume-Uni.

En Arabie Saoudite, autour de la ville de Turaif, l’entreprise Aramco a commencé avec succès à produire du gaz naturel en utilisant les techniques de fracturation à l’origine du boom du schiste aux Etats-Unis.

Aramco a lancé ce que certains analystes appellent le plus petit de ses projets, mais aussi le plus important. Le gaz est utilisé pour alimenter une installation minière.

Aramco a également multiplié ses efforts pour produire du gaz naturel à partir de grands gisements dans la province orientale du royaume riche en pétrole.

Cette société a entamé ses travaux par des relevés sismiques autour de certains sites de la mer Rouge, où certains croient qu’il existe d’importants gisements de gaz naturel.

Stewart Williams, analyste de Wood Mackenzie qui a étudié les projets gaziers de l’Arabie saoudite a signalé: « Le gaz est quelque chose qu’elle développe massivement. Ils veulent toutes les molécules qu’ils peuvent récupérer».

Ambitions gazières

Les ambitions économiques du Prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane motivent cet acharnement gazier.

Dans son plan économique appelé « Vision 2030 », Ben Salmane incite à la construction de plusieurs villes autour de nouvelles industries, dont Neom, une nouvelle grande métropole qui devrait coûter 500 milliards de dollars. Le plan prétend que l’Arabie saoudite sera un exportateur du gaz naturel d’ici 2030.

La consommation en énergie électrique du royaume sera doublé d’ici l’an 2030 à cause des réformes économiques ambitieuses prévus, selon Jadwa Investment, une banque de Riyad.

Dans son premier prospectus , Aramco déclarait que « la demande de gaz naturel de l’Arabie saoudite augmenterait de 40 % d’ici l’an 2030 et pourrait bientôt dépasser la capacité de l’entreprise ».
Les réserves de gaz saoudiennes sont difficiles et coûteuses à exploiter par rapport à d’autres grands producteurs comme la Russie. Les autorités saoudiennes ont longtemps considéré le gaz comme quelque chose d’accessoire, moins rentable que le pétrole, malgré le fait qu’elles disposent de la quatrième réserve mondiale de gaz.

Le royaume a eu des discussions approfondies avec d’autres producteurs de gaz naturel et devrait conclure bientôt d’autres accords dans ce domaine énergétique.

Jason Feer, responsable business intelligence au sein de la société de conseil Poten & Partners, situé à New York montre que :« Cet accord permet à l’Arabie saoudite d’entrer sur le marché. C’est un signal fort pour une nouvelle accès ».

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