Callamard: l’Arabie saoudite pousse le monde vers une complicité en vue de faire avorter le processus judiciaire

Courrier arabe

L’enquêtrice spéciale des Nations Unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, Agnès Callamard a exprimé sa profonde inquiétude vis-à-vis de la faible réaction internationale au sujet du meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi commis à l’intérieur du consulat de son pays à Istanbul le 2 octobre passé.

L’experte française a écrit un article sur le « Washington Post » où elle a accusé l’Arabie saoudite d’avoir commis un acte illégal en dehors de son territoire. Elle estime qu’en dépit des 11 personnes qui sont poursuivies au royaume, cela ne débouchera pas sur « une véritable justice ».

Le meurtre n’a rien de local

Callamard a insisté sur le fait que le meurtre de Khashoggi n’est pas une affaire locale liée à Riyad seulement étant donné que ce crime a été commis extrajudiciairement et à l’intérieur du territoire turc dans une violation de la liberté d’expression, en plus d’avoir mis en danger le caractère sacré des relations consulaires et causé du tort aux intérêts de la communauté internationale entière.

Elle a ajouté : « il est vrai que les États-Unis ainsi que les membres permanents du Conseil de sécurité suivent le déroulement du procès mais ils ont décidé de ne pas dévoiler ses détails au grand public ce qui les rend complices dans l’obstruction à la justice ».

Elle a appelé la communauté internationale à multiplier les demandes d’une enquête efficace pour identifier « les cerveaux » ayant commandité ce crime et les poursuivre en justice.

Une juridiction universelle

L’enquêtrice spéciale de l’ONU estime que la justice pour Khashoggi ne doit pas être laissée aux tribunaux saoudiens « partiaux ». Les autres États doivent agir en demandant une « juridiction universelle » pour traduire les responsables en justice.

Elle appelle en outre le secrétaire général de l’ONU à désigner des experts en droit pénal afin de clarifier les responsabilités individuelles dans ce crime.

Callamard affirme que « les tergiversations de l’ONU » ne font qu’affaiblir sa position en tant qu’organisation internationale qui devrait mettre en œuvre des mécanismes indépendants pour ouvrir des enquêtes pénales dans les assassinats qui ciblent des journalistes et des défenseurs des droits de l’Homme.

Elle a conclu en avertissant que : « le silence, l’inaction, la complicité implicite ou explicite ne causeront que plus d’injustices et d’instabilité dans le monde ».

Rappelons que le 19 juin passé, l’enquêtrice spéciale de l’ONU avait publié un rapport de 101 pages dans lequel elle affirme avoir des «preuves crédibles» qui exigent l’ouverture d’une enquête internationale avec de hauts responsables saoudiens dont le prince héritier Mohammed Ben Salmane et son conseiller Saoud al-Qahtani autour de leur implication dans le meurtre de Khashoggi.

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