Bagdad: les partisans du leader chiite Moqtada al-Sadr se retirent du Parlement et de la zone verte

Des centaines de manifestants, partisans du chef de file du Courant sadriste, Moqtada al-Sadr, ont commencé, mercredi soir, à se retirer de la zone verte située dans le centre de la capitale irakienne, Bagdad, après avoir investi le bâtiment du Parlement, en signe de protestation contre la candidature de Mohamed Chia al-Soudani au poste de Premier ministre.

Al-Soudani est le candidat du « Cadre de coordination », une alliance de factions chiites pro-Iran.

Al-Sadr a appelé ses partisans à se retirer de la zone verte, déclarant sur Twitter : « Rentrez chez vous sain et sauf ».

Le leader chiite a qualifié mercredi le mouvement protestataire de ses partisans de « Révolution de la réforme et du rejet de l’injustice et de la corruption ». Selon lui, le message des protestataires a été entendu, ajoutant : « Vous avez terrorisé les corrompus ».

Les médias locaux ont relayé des vidéos montrant le retrait des manifestants du bâtiment du Parlement et de la zone verte.

En moins de deux heures, le commandant en chef des forces armées, le Premier ministre irakien, Moustafa al-Kazimi, a appelé à deux reprises les manifestants à « se retirer immédiatement du bâtiment du Parlement, qui incarne la souveraineté du peuple et de la loi ».

Par voie de communiqué, le « Cadre de coordination » a qualifié les manifestations de « mouvements suspects », estimant qu’elles « incitent au chaos, attisent la sédition et menacent la paix civile ».

Il a tenu le « gouvernement intérimaire » dirigé par Al-Kazimi « pour responsable de la sécurité et de la sûreté des édifices gouvernementaux et de leurs employés, ainsi que des ambassades et des biens publics et privés ».

Le « Cadre de coordination » a critiqué les forces de l’ordre qui ont permis aux manifestants d’investir le Parlement ».

Il a estimé que ce qui s’est passé dans la zone verte « éveille fortement les soupçons », appelant par la même occasion les Irakiens « à faire preuve de vigilance », selon le communiqué.

L’ancien Premier ministre et chef de la « Coalition de l’État de droit », Nouri al-Maliki, a également appelé Al-Kazimi à « utiliser des moyens légitimes pour dissuader toute atteinte au prestige de l’État et de ses institutions ».

Al-Maliki a mis en garde contre « l’effusion de sang irakien ».

« Le fait que des manifestants investissent le hall intérieur de la Chambre des représentants est une violation flagrante du droit légitime de manifester », a ajouté l’ancien Premier ministre irakien.

La « zone verte » est un quartier en plein cœur de Bagdad ultra-sécurisé abritant de nombreux édifices gouvernementaux importants, dont le Parlement et la Présidence du Gouvernement, ainsi que les différentes missions diplomatiques étrangères, dont celle de Washington.

Les manifestants ont scandé des slogans hostiles au « candidat d’Al-Maliki », en allusion à Mohamed Chia al-Soudani, ancien ministre et ex-gouverneur de province âgé de 52 ans.

En raison de dissensus entre les forces politiques, aucun nouveau gouvernement n’a été formé depuis les élections législatives anticipées du 10 octobre 2021.

Le 25 juillet, le « Cadre de coordination », a choisi Mohamed Chia al-Soudani comme candidat au poste de Premier ministre, un choix censé inaugurer une nouvelle étape pour sortir le pays d’une crise qui perdure depuis plus de huit mois.

En effet, certains soutiennent la candidature d’Al-Soudani, alors que d’autres s’y opposent. Par ailleurs, le mouvement contestataire et le Courant sadriste réclament la nomination d’une personnalité n’ayant occupé aucun poste gouvernemental.

Selon les cercles politiques irakiens, la Chambre des représentants pourrait tenir dans les prochains jours une séance consacrée à l’élection du président de la République, parmi les 25 candidats en lice.

Les parlementaires doivent d’abord élire le chef de l’État pour que celui-ci nomme à son tour le chef du gouvernement.

On s’attend à ce que le gouvernement Al-Soudani obtienne sans difficulté la confiance de la Chambre des représentants et ce, en raison de l’absence des 73 députés du bloc sadriste (ils représentaient la première force au sein du Parlement de 329 députés) après leur démission le 12 juin dernier.

Après avoir échoué à former « un gouvernement majoritaire » en raison du refus du « Cadre de coordination », les élus sadristes, qui représentent la plus grande force parlementaire, ont démissionné.

Le « Cadre de coordination » dispose désormais d’une majorité parlementaire qui lui permet de former un gouvernement.

Selon la coutume politique en vigueur depuis 2003, les Chiites occupent la présidence du gouvernement, les Sunnites celle du Parlement tandis que la présidence de la République échoit aux Kurdes.

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