Une professeure saoudienne: les sommets tenus à la Mecque mêlent religion et politique sous le patronage royal

Courrier arabe

Dans un article publié sur le site « Middle East Eye », la professeure saoudienne Madawi al-Rasheed a accusé l’Arabie saoudite d’exploiter les lieux saints à des fins politiques suite aux sommets organisés à la Mecque sur l’invitation du roi Salmane.

Al-Rasheed affirme dans son article que ces trois sommets ne visent pas à discuter des questions théologiques mais des questions hautement politiques, en ajoutant que le royaume cherche à travers ces trois conférences d’obtenir un soutien pour le roi Salmane au sujet de crises politiques graves, controversées et clivantes.

Elle assure que les dirigeants saoudiens ont depuis toujours utilisé la signification religieuse de la Mecque pour réaliser des objectifs politiques en affirmant que cette stratégie n’est rien d’autre qu’un islamisme total.

Cela suggère selon la même professeure que l’Arabie saoudite veut l’islamisme sans les islamistes et que le roi est le seul islamiste à avoir la liberté d’instrumentaliser La Mecque à des fins politiques.

Le régime saoudien insiste pourtant sur le fait que La Mecque est un lieu de culte et doit rester apolitique. De ce fait, toute tentative d’utiliser cet espace à l’occasion du pèlerinage pour diffuser un message politique est sévèrement punie.

La professeure regrette : « Hélas, le régime saoudien ne respecte pas ce qu’il proscrit pour ses propres citoyens et les musulmans du monde entier », en affirmant que les imams successifs de la mosquée de La Mecque n’épargnent aucune occasion pour louer les monarques saoudiens, ce qu’elle considère comme « une propagande politique imposée aux musulmans ».

Le régime saoudien contrôle également les personnes qui se rendent à la Mecque. Ainsi, tout musulman ayant critiqué leur politique est jugé indésirable sur le territoire du royaume le privant ainsi du droit d’accomplir les rites du Hadj, l’un des piliers de l’islam.

La professeure cite l’exemple du cheikh tunisien Rached Ghannouchi, dirigeant du parti islamiste al-Nahda. En 2007-2008, l’ambassade saoudienne en Grande-Bretagne, a refusé de lui accorder un visa pour effectuer le pèlerinage. Elle aborde également le cas des pèlerins iraniens qui ont dû subir une maltraitance ou même une expulsion lorsqu’ils ont scandé « Mort à l’Amérique » dans les années 1980.

Les Qataris, quant à eux, ont commencé à se méfier du voyage en Arabie saoudite à partir de 2014 pour le pèlerinage avant de s’abstenir définitivement avec le blocus imposé à leur pays depuis 2017.

Al-Rasheed considère ces pratiques comme un acte politique injuste et empreint d’arrogance. La professeure estime que ces trois conférences ne pourront déboucher sur aucune résolution sérieuse compte tenu de l’historique de ces réunions marqué par un échec persistant.

Notant que l’Arabie saoudite a organisé à la fin du mois de mai trois conférences à la Mecque. Il s’agit de la 14ème réunion ordinaire de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), un forum musulman créé sous le haut patronage du roi saoudien Fayçal dans les années 1960, ainsi que deux réunions d’urgence du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et de la Ligue arabe.

Les discussions ont porté sur les récentes attaques dans le Golfe, la cause palestinienne, la solidarité islamique, les minorités musulmanes et d’autres situations de crise.

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